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BLABLABLAMIA
1 novembre 2015

MALA VIDA - Marc FERNANDEZ

mala vida

De nos jours en Espagne. La droite dure vient de remporter les élections après douze ans de pouvoir socialiste. Une majorité absolue pour les nostalgiques de Franco, dans un pays à la mémoire courte. Au milieu de ce renversement, une série de meurtre est perpétrée, de Madrid à Barcelone en passant par Valence. Les victimes : un homme politique, un notaire, un médecin, un banquier et une religieuse. Rien se semble apparemment relier ces crimes ... Sur fond de crise économique, mais aussi de retour à un certain ordre moral, un journaliste radio spécialisé en affaires criminelles, Diego Martin, tente de garder la tête hors de l'eau malgré la purge médiatique. Lorsqu'il s'intéresse au premier meurtre, il ne se doute pas que son enquête va le mener bien plus loins qu'un simple fait divers, au plus près d'un scandale national qui perdure depuis des années, celui dit des "bébés volés" de la dictature franquiste.

A peu près 30 000 bébés ont été volés durant la dictature de Franco en Espagne, des bébés annoncés morts-nés à des familles opposées au régime (dans l'idéologie affreuse de les éradiquer), et confiés à des familles franquistes, avec la complicité de sages femmes, bonnes soeurs, médecins, notaires...
Des enfants élevés dans le mensonge et le silence, des familles brisées, dans le doute et la souffrance qui, à force de recherches, finissent enfin par approcher la vérité, à songer à une vengeance et, surtout, à obtenir justice.
Alors que des meurtres inexpliqués, et a priori sans lien, ont lieu, Diego, journaliste radio torturé, et Ana, détective transexuelle, croisent le chemin d'Isabel Ferrer, avocate animée d'une mission, qui fait éclater le scandale en créant l'Association Nationale des Enfants Volés... 
C'est à un mélange d'enquête et de fiction que nous assistons dans un contexte extrêmement bien posé/décrit, celui d'une Espagne en pleine crise, où la droite conservatrice revient au pouvoir 
avec l'AMP, où l'Opus Dei (et ses ramifications) maintiennent leur emprise, et où toute contestation/révélation met votre vie en danger.

Mala Vida est roman noir assez cinématographique, fluide, documenté, aux références historiques solides (et aux plaisantes références musicales), qui font se croiser passé et présent, en montrant du doigt les dangers de répétitions qui planent toujours.
Je dirais que ce n'est pas l'intrigue qui vous fera rester car le déroulé apparaît assez rapidement, mais plutôt les personnages attachants,  et surtout le(s) cadre(s) historique(s) et politique(s) captivant(s), les réflexions sur le 
poids du passé, la transmission, l'identité, les abus de pouvoir...
On repose Mala Vida éclairé par le traitement fouillé de cet épisode des bébés volés en Espagne, en se disant que la morale peut parfois se voir chamboulée, et en ayant le sentiment, aussi, d'avoir lu un sincère et intelligent plaidoyer pour la liberté d'expression et de pensée.

"Tous ont un point commun: ils recherchent un proche, un enfant, un frère, un cousin, disparu sans laisser de traces. Tous pensent qu'ils sont en vie, que les personnes dont ils sont sans nouvelles depuis tant d'années sont là, quelque part en Espagne, vivant sous une autre identité, ne sachant même pas que leurs vraies familles les recherchent. Ne sachant pas non plus qu'ils ont été les victimes innocentes d'un système inhumain, inique, mis en place par Franco et ses sbires. Ils ont la trentaine, la quarantaine..., jusqu'à soixante-sept ans pour la plus âgée. Plusieurs générations, la preuve que l'appareil franquiste a continué de fonctionner bien après la mort du Caudillo." 

L'auteur >> Marc Fernandez, cofondateur et rédacteur en chef de la revue Alibi, consacrée au polar, est journaliste depuis plus de quinze ans. Il a longtemps été chargé de suivre l'Espagne et l'Amérique latine au Courrier international. Il est également coauteur de plusieurs livres d'enquêtes (La ville qui tue les femmes, Hachette Littératures). Mala Vidaest son premier roman en solo.

Les éditions Préludes (dont j'apprécie vraiment toujours autant le concept et l'excellent travail éditorial) : http://preludes-editions.com

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Commentaires
D
Un bon premier roman, avec les maladresses que Kathel vient de souligner dans son billet, mais diablement intéressant !
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G
Un roman plein d'énergie, en effet. J'aurais aimé connaitre plus en profondeur le personnage principal. Peut-être dans le roman suivant?
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K
Je ne connaissais pas, merci pour ce billet ! (enfin, je ne sais pas si je dois te remercier !)
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