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BLABLABLAMIA
25 août 2014

CONSTELLATION - Adrien BOSC

Constellation

Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers. Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi? Et qui sont les passagers? Si l’on connaît Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, si l’on se souvient de cette musicienne prodige que fut Ginette Neveu, dont une partie du violon sera retrouvée des années après, l’auteur lie les destins entre eux. « Entendre les morts, écrire leur légende minuscule et offrir à quarante-huit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit. »

L'histoire d'amour entre Piaf et Cerdan, et surtout la peine qu'elle avait eue à la mort de ce dernier (dont elle ne s'est jamais vraiment remise) est une image qui m'était restée (non, je n'étais pas née......). Mais, bien que l'on ait alors surtout parlé de sa mort, Marcel Cerdan (qui s'envolait pour retrouver Piaf et prendre sa revanche sur Jake LaMotta) n'était pas seul dans cet avion, et Adrien Bosc a pris sa plume pour sortir ces autres passagers de l'anonymat, afin que leurs étoiles brillent enfin toutes de la même intensité.

En consacrant, dans un style très fluide (comme s'il racontait tout cela de vive voix), un chapitre à quasiment chacun des passagers, il leur redonne vie et parole, et souligne l'ironie, la fatalité, les tristes coïncidences qui les ont frappés et fauchés.
Mais Adrien Bosc ne s'est pas contenté de faire un excellent travail de documentation, et de n'énoncer que des faits, il laisse place à son imagination/sa sensibilité pour redonner à tous une âme et leur offrir un bel écrin poétique. Et pour un premier roman-récit c'était sacrément ambitieux (voire casse gueule) et c'est, pour moi, un sans faute. 

Il m'a fait découvrir la violoniste Ginette Neveu (dont je suis allée écouter quelques enregistrements), ainsi qu'une ouvrière (dont c'était le premier vol!) partant vers un destin d'héritière, un peintre parisien, le directeur merchandising de Disney (inventeur des produits dérivés), une jeune femme tout juste remise d'un grave accident... 
Il raconte les victimes collatérales, les deuils difficiles, les attitudes détestables et sans scrupules de certains.
Et part en quête des raisons de cet accident... mais parfois l'essentiel c'est la quête et non les explications qui en résultent (ou pas).
Il se rend donc sur le lieu du drame et se dévoile alors par le biais de passages plus intimes, déstabilisé face aux conjonctures de sa propre vie, les parallèlismes qui le touchent lui aussi, ses questionnements, sa volonté de trouver son chemin et de prendre enfin "des trains qui partent"...

Avec ce roman-récit, Adrien Bosc nous parle avec sensibilité de ces disparus, mais plus largement de ces rênes que l'on ne tient pas, de ce hasard, bon (3 personnes ne sont pas montées dans l'avion au dernier moment...) ou cruel, questionne les superstitions, souligne les coïncidences/prédictions troublantes, et acte notre vulnérabilité.

"Dernier jour sur l'archipel, je suis parti voir les baleines au-delà des monts couchés où bêlent les brebis des paysans des îles (...)
Toute histoire est un prétexte. Ces deux dernières années, j'ai cru plus que de raison aux signes, à la bonne étoile, m'y suis perdu, seul le récit de ces vies encloses en destinée dans la carlingue d'un Constellation pouvait répondre à mes questions. Il m'avait fallu me rendre aux Açores pour entendre la résonnance intime de ces hommes et de ces femmes qui avaient vécu et aimé (...). Comprendre qu'en éloignant la mélasse de mes sentiments j'accosterais, au terminus, en terrain connu, y trouverais des réponses, mettrais un pied devant l'autre, à nouveau. Il faudrait le coeur en vrac toujours partir en quête des baleines."

L'auteur >> Adrien Bosc, est né en 1986 à Avignon, il est journaliste et a fondé les revues Feuilleton et Desports. Constellation est son premier roman.
Ci dessous, le lien vers son intervention à la conférence de la rentrée littéraire Stock à l'Institut du Monde Arabe:
https://www.youtube.com/watch?v=2A6nYrvcXA8

Les éditions Stock : http://www.editions-stock.fr

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Commentaires
B
Bonsoir,<br /> <br /> Oui, en effet.<br /> <br /> J'avais noté aussi que contrairement au rapport, le livre avance que Mr De La Noue n'a fait escale que trois (3) fois aux Açores par le passé, alors qu'il s'agit en fait de 23 fois ( dans les deux sens : Paris - New York et retour).<br /> <br /> Sinon, le livre semble bien documenté, et m'a beaucoup plu.<br /> <br /> C'est à sa manière un film noir et blanc complexe, par son articulation autour de multiples flashback. et un style pas toujours simple de prime abord.<br /> <br /> Il aurait pu aussi être titré : " Il y a des jours et des lunes" tel le film de JCL.. :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Il m'a aussi incité à découvrir un peu plus l' œuvre de Blaise Cendrars, un auteur qui semble avoir impressionné Adrien Bosc.<br /> <br /> Et bien entendu, si on est féru d'aviation et que l'on connaît bien le contenu du rapport certes circonstanciel et circonstancié, l'ouvrage "Constellation" ajoute quelque chose d'humain à un document qui par essence même est technique et technocratique.<br /> <br /> <br /> <br /> Et pour conclure, bien qu'ayant lu ce rapport plusieurs dizaines de fois au cours des années passées, et m'étant livré à beaucoup de petits calculs de navigation, rien en l'état actuel des informations portées à notre connaissance, ne permet d'expliquer complètement une telle catastrophe...
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B
Bonjour <br /> <br /> je tiens a attirer l'attention de l'auteur sur une erreur concernant le nombre d'heure de vol de Jean De La Noue. Contrairement a ce qu'il y a écrit dans "Constellation " ce n'est pas 60000 heures de vol mais 6700 heures de vol qu'avait réalisées le commandant de bord.<br /> <br /> 60000heures de vol est un chiffre non réalisable dans la carrière d'un pilote militaire et ou pilote de ligne.<br /> <br /> je vous invite a lire le rapport du JO concernant le rapport d'accident de ce vol.<br /> <br /> http://aviatechno.net/constellation/rapport_f-bazn.php<br /> <br /> Cordialement JL Bouniol
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L
C'est l'auteur qui écrit à la première personne si je comprends bien? Je suis finalement très intriguée par ce roman, pour plusieurs éléments. J'aime particulièrement la saveur des premiers romans et puis, une force invisible me guide vers ce livre, de la même façon qu'on est attiré par les situations malsaines. Car aborder les morts, et le crash d'avion m'est malsain (j'ai très peur de l'avion!). Mais si je le lis, il est hors de question que ce soit avant d'aller me coucher :)
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M
Je suis bien d’accord avec toi, c’est un sacré roman, ambitieux mais vraiment très maîtrisé... Du vrai romanesque, facile à lire, mais très intelligent, une lecture qui divertit mais élève à la fois, c’est si rare!
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L
Je suis très intriguée par ton billet !!
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