PRESQUE LA MER - Jérôme ATTAL
Demain, 7 mai, surgira dans la grisaille, et dans vos librairies, un véritable coin de ciel bleu que je ne saurais trop vous conseiller de vous offrir...
L'histoire>> Deux héros principaux : un jeune médecin tout frais diplômé et une jeune fille d'un petit village qui rêve d'être chanteuse. Et les habitants de Patelin qui font croire au jeune médecin qu'il y a la mer au village, pour qu'il vienne s'installer.
La jeune fille rentre de la Capitale, après avoir échoué à un casting d'un télé-crochet. Une histoire d'amour va naître entre ces deux-là, dans un village burlesque où tous les habitants jouent l'imposture balnéaire...
Presque la Mer c'est un roman bourré d'inventivité réjouissante, et qui, sans avoir l'air d'y toucher, vient nous parler de rêves déçus, de Paris-sa-beauté-sa dureté-ses-habitants et de la province qui doit user de feintes commercialo-poétiques pour lutter contre le désert médical qui la frappe.
Il nous parle aussi de la cruauté de certains (directeurs de) castings, des études longues et coûteuses, d'un beau-père qui tâtonne, d'une jeune fille "en voie d'extinction"... et d'un Patelin, village isolé où les jeunes désoeuvrés tentent d'avoir des projets mais n'osent pas quitter leurs attaches et aller vers l'inconnu, ou rejeter un amour de jeunesse rassurant"...
Et puis... et puis les surprises de la vie, les rencontres improbables, les chemins de traverse, qui finissent par indiquer la bonne direction.
Ce qui fait de ce roman un véritable petit bonbon c'est le mélange parfaitement dosé de délicatesse, de quiproquos, de dialogues savoureux, drôles, ironiques ou tendres, cette fantaisie un peu mélancolique (et hyper cinématographique) qui fait de Jérôme Attal un auteur à part.
Parce que Jérôme Attal c'est l'incarnation d'un poème de Maurice Carême, vous savez cet homme qui offre du coeur ("Donc, il offrait du coeur - Avec un tel sourire - Qu'on s'empressait d'ailleurs - En tous lieux de le dire. - On en voulait partout, - Mais on finit pourtant - Par se demander où - Il en trouvait autant. - Et il riait dans l'ombre. - C'était son propre coeur - Vaste comme le monde - Qu'il offrait à la ronde, - Offrait pour un sourire - Qui répondait au sien, - Offrait rien que pour dire - Aux gens: "Portez vous bien".")
Et voilà, pour que l'on se porte bien, pour que la vie pèse un peu moins lourd, il nous offre cette douce "comédie-bouffée-d'air-frais", intelligente et réaliste mais avec un petit grain de folie dedans.
Un roman dont on note précieusement des phrases qui touchent, et que l'on repose le coeur tout badigeonné de baume.
"Il y avait dans un appartement plus ou moins proche du vôtre la rengaine crispante d’un marteau piqueur pour vous tirer du lit l’un des seuls jours de la semaine où vous aviez la possibilité de faire la grasse matinée, des gens excités prêts à virer sauvages, et des sauvages prêts à virer barbares, mais également des types pour penser que si on trouvait une lettre d’amour pour cinq factures reçues dans le courrier du matin, la vie serait plus supportable.
Il y avait parfois une fille qui pleurait dans le métro parce que quelqu’un auquel elle ne tenait même pas réellement l’avait abandonnée pour de bon, mais c’est sur l’abandon ou sur elle-même qu’elle pleurait et pas sur le type en question, parce que de toute façon, en amour, on n’a jamais vu personne se noyer dans les larmes de quelqu’un d’autre. Les glandes lacrymales ne produisent pas d’eau en quantité suffisante pour qu’on s’y noie, on a donc comme solution de se torturer à l’infini, ou de passer à autre chose."
Petit accompagnement musical: le tout récent titre de Valentin Marceau et son clip de bord de mer (aux paroles signées Jérôme Attal)...
Valentin Marceau - "Défendre Alice"
Le site de Jérôme Attal: http://jeromeattal.net
Et par ici, le billet du petit carré jaune qui vous confirmera ce petit bonheur de lecture: http://lecarrejaune.canalblog.com/archives/2014/05/07/29808223.html