LA FIN DU MONDE A DU RETARD - J(ean).M(arcel). ERRE

4 avril 2014

LA FIN DU MONDE A DU RETARD - J(ean).M(arcel). ERRE

Construit sous la forme d'une course poursuite, La fin du monde a du retard met en scène Alice et Julius, deux amnésiques qui s'évadent de la clinique psychiatrique où ils sont traités.
En effet, Julius s'est donné pour mission de déjouer un terrible complot qui menace l'humanité. Poursuivis par la police, par des journalistes et par de mystérieux personnages de l'ombre, ils iront de péripéties en rebondissements jusqu'à l'incroyable révélation finale.

J'ai vécu une "drôle" d'aventure avec ce roman, aventure que j'ai d'ailleurs racontée à l'auteur durant le salon du livre, car en fait c'est un peu LE livre qui devait vivre une aventure particulière... Et bien, voilà, alors que j'avais le dos tourné, mon mini de 2 ans en a gribouillé, la page de garde avec un crayon de couleur comme un possédé ;-), tout en ajoutant des trous...
ET, c'était EVIDEMMENT un roman du comité de lecture de la médiathèque (sinon... (sic))...

Bref, trève de digression, j'ai payé mes dettes... et conclusion: c'était tout aussi bien que cela se produise avec un titre que j'ai beaucoup aimé lire!

La fin du monde a du retard, c'est un peu un Da Vinci Code version Kad et Olivier, ou Eric et Ramzy, voyez?
Et cela en fait le roman le plus drôle, décalé et délirant, que j'aie lu depuis un petit moment.

J'ai vraiment ri avec cette parodie cinématographique de la théorie du complot utilisant quelques mythes (de la caverne de Platon à celui de Superman ou de Bruce Willis dans Incassable) et finalement des thèses qui se tiennent! (Je me suis demandé le nombre de personnes qui étaient venues à la rencontre de JM Erre en lui disant à voix basse-conspiratrice-entendue qu'il avait tout compris...)

Julius, le personnage principal, a un esprit sacrément perturbé, mais il n'est pas bien méchant et représente un peu la tentation que l'on a parfois de basculer de la réalité vers la fiction et de se croire manipulé par des sociétés secrètes ou le pouvoir en place...
Alice, quant à elle, personnage principal féminin, aux sentiments et à la mémoire anesthésiés, est la seule survivante de ses noces...

Sous couvert d'humour, ce roman mène à une certaine réflexion sur la société, le journalisme (et les paparazzi), la police, la psychiatrie (le traitement et l'exploitation des patients parfois)... sur la mémoire, l'écriture, la manipulation, l'imagination fertile, les dangers/folies de l'amour...
C'est un roman malin, fait d'action, d'humour, d'ironie/moquerie/cynisme (jamais méchants), bourré de jeux de mots et de références ciné (ainsi qu'à quelques uns de ses précédents romans), et tout cela est plutôt bien dosé!

J'ai lu certaines personnes disant qu'elles avaient souffert du côté "excessif"/loufoque/répétitif du livre, je vois ce qu'elles veulent dire, mais, même si, ok, à un moment j'ai trouvé que je tirais un peu la langue, je me suis régalée avec cet auteur qui parvient à parler de choses sérieuses sans l'être!

"En l'an 5115 du calendrier hindou, à quelque deux millions de centimètres du nord de Paris, protégé des extraterrestres, des betteraves et des Picards par des murs épais, un établissement de standing offrait à l'être en perte de repères de regarder le monde sous un angle neuf. C'était un lieu de paix où le citadin stressé pouvait rompre avec le rythme infernal de la vie moderne; un espace humaniste où l'on acceptait son prochain sans discrimination; un éden hors du temps où des anges immaculés vous ramenaient aux choses essentielles à l'aide de potions magiques au couleurs acidulées. Un lieu sans métro, sans boulot, mais avec beaucoup de dodo.
La clinique psychiatrique Saint-Charles. trois toqués au guide Dumachin.
A la tête de cette utopie miniature régnait l'éminent docteur Mende: cinquante ans d'auto-satisfaction, 1m80 de fierté suffisante, 3457 amis sur Facebook, la classe. Toujours soucieux de mettre ses compétences exceptionnelles au service de la populace, il était par ailleurs maire de Maroilles-en-Forêt, conseiller général de l'Oise, président de la Fédération départementale de chasse, président d'honneur de l'Olympique maroillais (allez l'OM) et auteur du recueil Les Perles de mes consultations psy: rions un peu avec les névropathes (grand prix 2010 du Salon du livre de Maroille-en-Forêt)."