LA THÉORIE DE LA TARTINE - Titiou LECOQ

En 2006, lorsque Marianne découvre sur le net une sextape postée par son ex, elle ne trouve pour l'aider qu'un hacker immature et un journaliste visionnaire qui croit qu'Internet va transformer le monde. Dix ans et les chocs de la jeunesse (enfants, travail, amours) plus tard, que deviennent notre ex-étudiante blogueuse, le jeune pirate et l'homme de presse idéaliste? Internet a tout bousculé...

J'ai souvent, humoristiquement, fait mienne de la loi de Murphy (équivalente à la théorie de la tartine qui veut qu'elle tombe toujours du côté beurré...), ou celle de l'emmerdement maximum. Il faut dire qu'elle se révèle souvent assez vraie... 
Titiou Lecoq illustre dans ce roman cette idée que lorsque les choses pourraient bien se passer, il y a de fortes chances qu'elles se passent mal...
Spécialement avec internet, pourtant voué à un bel avenir à ses débuts, mais qui a dérivé pour ne plus tenir toutes ses folles promesses, ou trop pour certains (Titiou Lecoq nous offre une intéressante réflexion sur le Big Data et le flicage, notamment des mutuelles...).

Nous assistons donc à ses débuts (d'internet, suivez...), via l'expérience de blogueurs trentenaires, l'une, étudiante, tombant sous le coup d'une "porn revenge", mais contre attaque (ou comment des vies peuvent être encore plus rapidement chamboulée avec internet...), l'autre sous celui d'un actionnaire totalitaire (ou comment le capitalisme s'est emparé d'internet). 
Les deux rencontrent (sur un tchat, évidemment...) un geek hacker pro des réseaux et de leurs arcanes (confronté à l'incompréhension totale de ses parents, choc des générations que beaucoup (dont moi...) ont connu...). 
En 2006, l'enthousiasme de la découverte est là, les start-ups explosent, internet est un bel outil, et puis... 
Puis nous les retrouvons, Marianne, Christophe, Paul et internet, 10 ans plus tard. 
10 ans, ce n'est pas tant, mais l'évolution technologique a tout révolutionné (avec ses avantages et ses dangers) et connecté les uns aux autres, en quasi permanence.
Au coeur de ce tableau numérique, nos personnages gèrent des vies bien loin de celles qu'ils avaient envisagées... Nous les accompagnons IRL (in real life = dans la vie réelle) dans un quotidien (pro ou perso) dans lequel on se retrouve parfois... on partage leurs envies, leurs bilans, leurs angoisses, leurs déceptions... On s'attache, en partie, à eux (personnellement, surtout Christophe).

La théorie de la tartine a un aspect témoignage/étude sociologique romancée, bénéficiant du ton de Titou Lecoq, oscillant entre humour, cynisme, réalisme, nostalgie et cri du coeur. Un roman aussi agréable (bien qu'un peu déstabilisant et stéréotypé par moments) qu'interpellant par sa thématique/réflexion journalistique sur nos vies réelles/virtuelles, la liberté d'expression, les abus et le respect d'autrui (et sans prise de tête!). 

"Internet c'est juste des codes informatiques qui ont failli améliorer le monde."

L'auteure >> Titiou Lecoq est journaliste indépendante et blogueuse sur Girls and geeks. Elle a publié Sans télé, on ressent davantage le froid (Fayard), «Les Morues» (Au Diable Vauvert), et avec Diane Lisarelli, «L'Encyclopédie de la Web Culture» (Robert Laffont). 

 Je n'avais pas encore lancé ce blog lorsque j'avais lu, et aimé, Les Morues. Mais par ici, mon billet sur Sans télé on ressent davantage le froid (qui sort cette semaine en format poche): http://blablablamia.canalblog.com/archives/2014/04/28/29679440.html

Comments

[Loubna]

Je connaissais/appréciais son blog sans le suivre régulièrement, et j'ai lu son "Sans télé on ressent davantage le froid" que j'ai, pour le coup, beaucoup aimé. Elle a ce ton engagé, qui en même temps s'en fout royalement d'étaler son intimité à la face du monde, et je trouve ça très rafraichissant. Elle assume, quoi. Et puis elle a l'air bien sympathique, ce qui ne gâche rien. En tout cas tu me donnes envie de lire ce titre… :-)

[Laure]

Je trouve le titre génial et très illustratif. Ceci dit, je ne sais pas si je le lirai

[clara]

je n'avas pas vraiment aimé Les morues ( mais j'adore la brandade de morue ceci dit)

[keisha]

Il y a une vraie raison logique et scientifique pour laquelle la tartine retombe du côté beurré. ^_^

A part ça, bon billet bien clair! Je n'ai pas lu Les morues, mais celui sur Sans télé... me dirait bien!