LA COUR DES GRANDES - Adèle BRÉAU
Quatre amies dans le Paris branché et bobo du 9e.
Mathilde est cadre dans une grosse firme pleine de mâles qui l’attendent au tournant. Mère de deux petits garçons, elle jongle avec les emplois du temps dans une culpabilité constante. Son amie Alice seconde un restaurant en vue de la capitale et peine à se remettre de sa séparation, malgré le soutien de son ado. Lucie, leur richissime comparse, à la tête d’une famille nombreuse, est obsédée par la bonne tenue de son bonheur conjugal. Quant à Eva, la quatrième, elle rêve de devenir mère elle aussi.
De leurs cahiers de texte de collégiennes à leurs plannings surbookés, ces working mums sont entrées sans s’en rendre compte dans la cour des grandes. Héroïnes made in France, elles ne rêvent plus de prince charmant, de robe meringuée et d’alliances. Elles n’ont plus le temps de rêver. Crèche, école, courses, babysitters, vie sexuelle, carrière, enfants malades, corps qui fout le camp, premières rides et petits flirts, elles tentent simplement de maîtriser le tourbillon insensé qui les emporte depuis qu’elles ont dit oui.
Ah être mère, travailler, rester femme, jongler plus ou moins facilement avec toutes les obligations et tâches d'une routine un tant soit peu destructice... c'est un sujet sans fond, qui nous a déjà offert de chouettes livres, comédies (ou blogs)!
Et en tant que quadra mère de 3 enfants je n'ai pu que me retrouver dans quelques situations vécues par ces quatres amies, dont certaines sont attachantes, d'autres agaçantes, et ce sont d'ailleurs parfois les mêmes...
Enfin, je présume que l'on s'attache plus à l'une ou à l'autre, selon nos propres vies et les résonances que l'on trouve dans leurs parcours respectifs.
Elles sont tout droit sorties de Sex and the city et/ou de Desperate Housewives, ou encore le film Comme t'y es belle...
Working girls à la française, un peu au bord de la crise de nerfs, confrontées à la pression de la réussite et de la perfection maternelle, conjugale et physique (la trop grande importance du paraître et du corps parfait est un peu crispante mais disons-le, réaliste, aussi, quand même...).
Mais elles ont de la ressource, contrairement à leurs hommes qui sont ici assez effacés, absents, largués, à la paternité dilettante et la crise de la quarantaine pesante, bref qui n'ont pas le beau rôle.
Nous sommes donc loin du conte de fées... dès les premières lignes j'ai été immergé(e), intégré(e) au groupe, et j'ai volontiers traversé avec elles les épreuves, les souvenirs des années passées, les infidélités, les séparations, naissances, réussites, désillusions et renouveau...
Car rien ne dure... mais tout se transforme!
C'est en cela que ce livre fait du bien, car même s'il peut appuyer là où ça fait mal, et être un peu "déprimant" par moments, il est surtout "rassurant", déculpabilisant et revigorant.
En conclusion... tout cela en fait un bon divertissement qui se lit vite (et donnerait une chouette adaptation ciné ou télé) à se prêter entre copines (ou pour les garçons qui veulent regarder par le trou de la serrure ;-)).
Et, comme il se termine sur un cliffhanger j'attends la suite avec curiosité. Elle s'intitulera Les jeux de garçons, et donnera alors le point de vue des hommes (sortie prévue au mois de juin).
"Non maman va se coucher, maman est crevée. Une minute de plus et maman s'effondre en sanglots dans la chambre... ou quitte la maison sans prévenir et vous aurez qu'à vous débrouiller avec vos slips sales, vos clés perdues, vos steaks et vos attestations scolaires. Maman va partir à Ibiza ouvrir un magasin de fringues en chanvre pour enfants. Et puis non pas pour enfants ça pue les gosses ça vous pourrit la vie. Maman va ouvrir un centre de yoga tantrique et se faire culbuter toute la journée par de sveltes et charmants yogi trentenaires pendant des heures comme la femme de Sting. Elle retrouvera le teint de ses vingt ans et ses soucis seront derrière elle. Les gosses, c'est la merde.
Oh mes chéris qu'est-ce que maman vous aime si vous saviez. Avoir envie de les serrer fort contre elle. Se dire que la vie sans eux ne vaut rien. Niet wallou. Les regarder quelques minutes alors qu'ils ronflotent en serrant fort leurs doudous dans la pénombre de la chambre douillette décorée de dessins affreux qu'ils lui ont offerts, si fiers, et qu'elle a accrochés la larme à l'oeil. (...)
Se glisser entre les draps. Lire un peu. S'endormir en tournant le dos à son époux après avoir tenté de le mettre sur le flanc pour que ses ronflements cessent. Rouvrir un oeil. S'envoyer un mail: Assurance scolaire. Important. S'endormir enfin, our quelques heures seulement."
L'auteur(e) >> Adèle Bréau vit à Paris (17e). Après des études de Lettres, elle se spécialise dans l'édition de mots croisés et sudokus. Elle a participé à la création de Terrafemina.com, un site féminin qui parle aux femmes et sur lequel les femmes parlent... De cette expérience lui est venue l'envie d'écrire sur ces amazones qui jonglent entre leurs emplois du temps familiaux et professionnels en essayant de garder un équilibre amical et amoureux. En 2013, elle a publié aux éditions Leduc Je dis ça, je dis rien, et 200 autres expressions insupportables (plus de 10 000 exemplaires vendus).
Son blog: https://adeledebrief.wordpress.com
Les éditions JC Lattès: http://www.editions-jclattes.fr