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BLABLABLAMIA
26 octobre 2014

JE TUE LES ENFANTS FRANÇAIS DANS LES JARDINS - Marie NEUSER

je tue les enfants

Lisa, jeune professeur d'italien, se rend chaque jour au collège comme on va à la guerre, avec, en guise d'armée ennemie, les élèves. Au fond de la classe, les garçons se disputent le rôle de commandant en chef en rivalisant d'insultes et de menaces. Du côté des filles, ce n'est guère plus apaisé: comment faire comprendre à une gamine de douze ans qu'elle ne doit pas se prostituer, même pour se payer des vêtements de marque?
Seule solution pour survivre sur ce champ de bataille ou règne la loi du plus fort, se forger une carapace, en attendant son heure... l'heure de la contre-attaque.

Quelle surprise ce roman! Voire un choc. 
J'ai commencé sa lecture en ne m'attendant pas du tout à passer une aprem à lire ce que j'ai lu... (oui, ça m'arrive parfois de prendre des livres sans en lire la 4ème de couv, juste attirée par le titre, ok bon là pour le coup le titre est particulier, mais convenez qu'il est pour le moins intriguant...).

Etre prof, avoir une classe de 3ème difficile, ne plus en pouvoir et nourrir des sentiments de haine, c'est ça, le quotidien de Lisa...
C'est en cela que ce court roman (très noir) m'a semblé "original" voire à ne pas mettre entre toutes les mains. Car il provoque, il pousse jusqu'au bout le dégoût des élèves "difficiles", violents, menaçants, contrebalancé par la tendresse envers d'autres élèves perdues, noyées dans cette masse turbulente...
Il nous immerge dans la vie d'une prof qui souffre et s'essoufle, morte de trouille face aux insultes, aux gestes déplacés, et à un certain harcèlement. Une prof peu soutenue, démunie et ulcérée, à force. 
Une prof qui va chercher, et trouver, ses solutions...

Y'a pas à dire, c'est tout sauf un roman moral bourré de bons sentiments, il vous bouscule franchement.
Ce n'est pas un polar, bien qu'il contienne tension et suspens.
C'est un cauchemar éveillé, c'est extrême, c'est dur, et ça ne plaira pas à tout le monde 
y compris dans le corps enseignant (on pourrait d'ailleurs lui "reprocher" quelques "clichés"...).
Mais il a le mérite d'aborder, sans arrondis aux angles, un véritable mal-être existant, de dénoncer des conditions de travail épouvantables, et de pousser un cri d'alarme de manière musclée et volontairement provocatrice. Et cela est évidemment loin de laisser indifférent(e).

"Mais tout va bien. Je suis charmante et souriante, ma voix est posée; je ne pense pas que je serai agressive ce soir, je n'en ai absolument pas la force. Les mots du type me font l'effet de notes dissonantes à mon oreille, d'un léger mistral de conneries banales contre lesquelles il est inutile de mener croisade. Je parie en mon for intérieur que, dans cinq minutes, il va me sortir le doux refrain de vacances. Et paf, ça ne rate pas: de toute façon ils se plaignent de quoi les profs, avec leurs quatre mois de vacances? Ils se plaignent tout simplement d'être constamment en danger - je réponds aux beau monsieur -, de partir travailler le matin avec la peur au ventre, de se faire cracher à la gueule toute la journée, de devoir tenter de maîtriser par groupes de trente des gamins que les parents ne parviennent même pas faire obéir individuellement, de se faire insulter et menacer chaque jour, et de rentrer à la maison avec des tonnes de travail qui ne leur permettent même pas de se reposer le week-end, quand ce n'est pas avec des points de suture. Et tout en parlant, je lui montre, en soulevant un peu ma frange, la vilaine estafilade rose qui m'enlaidit. Puis je dis au type enfin cette phrase que je rêve d'articuler depuis si longtemps: Venez cher monsieur, venez me remplacer ne serait-ce qu'une heure - encore faut-il que vous ayez quelque chose à enseigner -  venez supporter un tout petit moment des choses que jamais, jamais vous n'accepteriez d'affronter dans la vie courante, venez un jour prendre un bain dans la merde de l'humanité, loin des gentils salamalecs feutrés des bureaux de commerce, et ensuite nous pourrons reparler ensemble du problème des vacances."

L'auteur(e) >> Née en 1970 à Marseille, Marie Neuser est enseignante. Elle est l'auteur de deux romans, Je tue les enfants français dans les jardins (2011) et Un petit jouet mécanique (2012), publiés aux éditions de l'Écailler.

Les éditions Pocket: http://www.pocket.fr/livres-poche/

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Commentaires
C
Hélas je n'ai pas du tout accroché, trop de clichés... Et la fin m'a laissée perplexe :(
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L
Rien que le titre déjà m'agace au plus haut point... Si on ressens tant de colère et de haine, une seule chose à faire ; s'arrêter d'enseigner. Cela faudra mieux pour elle et pour les gamins...
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