MOTS RUMEURS MOTS CUTTER - Charlotte BOUSQUET/Stéphanie RUBINI
Charlotte Bousquet, l’auteure, et Stéphanie Rubini, l'illustratrice, se sont rencontrées autour de Précieuses, pas ridicules, un abécédaire décalé sur l'art et le féminisme. Après maints cafés, glaces et discussions, elles ont décidé de se lancer dans un nouveau projet : une série dont le premier opus, Rouge Tagada (une découverte sentimentale entre deux adolescentes), a été remarqué par la critique.
Messages discrets, graffitis gravés sur les tables, petits cœurs, injures taguées dans les toilettes des filles, mots d'amour glissés dans un cahier: de ces souvenirs de collège est né Mots rumeurs, mots cutter, le deuxième tome de cette photo de classe en bande-dessinée.
Léa, en classe de 3ème, vit une belle rentrée avec ses amies et bientôt un petit ami... Jusqu'à ce qu'une photo d'elle circule dans le collège et fasse que tout le monde lui tourne le dos et l'insulte. Commence alors une descente aux enfers pour elle, entre incompréhension, peine et colère. Que dire que faire pour que les choses changent?
Le harcèlement en milieu scolaire est un thème qui m'interpelle ayant une ado en classe de 3ème...
Je sais que son quotidien et celui des ses camarades de classe est loin d'être toujours serein (bien moins serein, me semble-t-il, que le mien au même âge, et (pourtant) dans la même ville...).
Lorsque je les écoute discuter avec ses copines, ou aperçois leurs échanges sur Twitter, je me rends compte combien l'agression/l'insulte ne les choque pas autant que cela me choquait alors.
Après lecture de Mots rumeurs, mots cutter, nous avons eu un échange qui m'a autant rassurée qu'effrayée. Mon ado n'est pas directement concernée par ce genre de harcèlement (dont Charlotte Bousquet a elle-même été victime), mais elle connaît certaines filles qui se font harceler autant sur les réseaux qu'au téléphone.
Au delà du milieu scolaire, et de l'éveil aux sentiments amoureux et les hésitations/pressions à aller plus loin... cette BD souligne des points assez "généraux" tels que l'usage parfois malsain que l'on peut faire des téléphones portables et des réseaux, la dangerosité de l'abus d'alcool, l'humiliation/diffamation facile, la facilité des raccourcis, de rejeter en croyant les on-dits sans chercher à réfléchir par soi-même...
En écrivant cela j'ai le sentiment d'enfoncer des portes ouvertes, mais il me semble que cette BD est parfaite pour dire et redire au jeune lectorat (et au moins jeune), de faire preuve de prudence, et d'avoir conscience de la portée/violence/injustice de certains actes ou mots.
Une BD essentielle qui remue, et qui aidera, je l'espère certaines jeunes filles, et jeunes hommes, à se sentir moins seul(e)s à sa lecture. Peut-être même leur permettra-t-elle d'oser en parler à des professionnels ou à leurs parents démunis (auxquels je conseille également cette lecture).
Aparté: Je dois dire que je trouvais la fin un peu rapide et brusque mais je l'ai mieux comprise lorsque j'ai appris que (je cite l'auteure): un troisième volume, sur le sujet des rapports frère/sœur et la difficulté d’être soi, est prévu pour 2015. Chloé, la petite goth emo de Mots rumeurs, mots cutter, est au centre du récit.
Pour l’occasion, un jeune mangaka, Léo S. viendra faire quelques incursions en images.
Si tout se déroule selon le planning prévu, le quatrième tome, prévu à la rentrée 2015, ouvrira une nouvelle série – ou une nouvelle phase –, puisqu’on retrouve les personnages trois ans plus tard, l’année du bac français.
Le blog de Charlotte Bousquet: http://charlottebousquet.blogspot.fr
Le book de Stéphanie Rubini: http://stephanierubini.ultra-book.com/portfolio
Les éditions Gulf Stream: http://www.gulfstream.fr
Le billet de Martine ici, celui de Stephie là, de Leiloona ici aussi, de Noukette par là, et enfin, celui de Jérôme.