NOS ETOILES CONTRAIRES - John GREEN
"Drôle, poignant, lumineux" annonce Entertainment Weekly direct sur la couv... Et il y a bien plus d'éloges encore à l'arrière... Citations de journalistes ou de lecteurs, voire écrivains, tous conquis...
Oula-la.
Ca n'engage que moi (ça tombe bien c'est mon blog), mais je le dis, ça a bien failli me braquer. Oui. Vous qui me connaissez, ou me lisez pour la première fois, vous le savez (ou l'apprenez), les couvs' c'est important pour moi (et pour de nombreux lecteurs, je sais que je ne suis pas la seule, je sais...).
DONC, cette couv a bien failli me faire passer à côté de ce roman, car étant un mélange de Grincheux (en un peu plus grande) et du Schtroumpf grognon (en moins bleu), ça ne me plaisait guère que l'on me donne le sentiment d'être obligée d'aimer.
(Mais j'entends bien aussi que parfois ça peut encourager un acheteur hésitant, ce genre de slogan, comme les bandeaux and co, devenus un peu nécessaire pas les temps, de crise, qui courent...).
Pour continuer dans mon couplet "nain-bleu", je ne vois pas bien ce que ce roman fait dans les rayons littérature jeunesse....?!?!
Ca parle de post-ados alors hop??
Nos enfants doivent être mis très tôt au courant que la vie c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais blablabla.....?
J'avais déjà eu ce sentiment en lisant "Entre Dieu et moi c'est fini" de Katarina Mazetti, ou "Si je reste" de Gayle Forman... qui avait passablement déprimé ma 13 ans (à l'époque, 12)...
ATTENTION, je suis ok pour que les livres jeunesse abordent des sujets importants, voire graves, et qu'ils sont nécessaires voire salvateurs. Mais là, non, je ne me vois pas le passer à ma fille, même si elle ne passerait pas à côté de l'humour quasi omniprésent, ni le côté séducteur craquant d'Augustus (ça non...)...
Il n'empêche qu'un roman triste à pleurer parlant d'une histoire d'amour entre 2 post ados atteints de cancer et une fin que l'on suppose dès le début... je ne le met pas entre les mains de ma fille. Voilà.
Ceci étant posé.
C'est un drôle de pari qu'a fait John Green en décidant d'écrire une telle histoire d'amour.
Parler du doute à s'autoriser des sentiments à un âge où on ne devrait même pas se poser la question... de la maladie et de son quotidien, de la mort qui frappe au hasard, et trop tôt. Des soupirs, des sarcasmes, du rire qui cherche à surnager au milieu du drame, des soins et des machines. Et des livres qui aident...
Et de la douleur de suvivre à l'autre/à son enfant.
Ca aurait pu être franchement très lourd. Et malgré quelques longueurs/invraissemblances, et bien non, c'est même plutôt aérien...
Je me suis laissée attraper par la main par ces personnages hyper attachants. TOUS les personnages. C'est rare, que tous les rôles soient touchants, leurs parents, leur ami Isaac, Patrick l'animateur de groupe, le personnel médical... Ok c'est (peut être) (un peu) (parfois) caricatural/fictionnel, dans la vraie vie ça ne se passe probablement pas comme cela, et l'auteur le précise lui même à la fin.
Mais son ton, lui, n'est pas caricatural. Il est juste presque sublime... Oui vraiment, il fait fort.
C'est rare de trouver une telle liberté, ironie, répartie, qui rendent les personnages excessivement réels et surprenants...
En le lisant je pensais à l'adaptation cinématographique qui est en cours, et qui devrait plutôt bien fonctionner, si le casting est bon... Pour le rôle d'Hazel, une jeune comédienne qui a brillé dans The Descendants, Shailene Woodley, et qui, physiquement, correspond pas mal à l'idée que je me faisais d'Hazel.
Pour le rôle d'Augustus, le site d'IMDB m'annonce Ansel Elgort, que je n'ai jamais eu l'occasion de voir jouer et qui, physiquement, me laisse un peu perplexe. On verra bien...
Evidemment, bien que "drôle et lumineuse" (ouiiii je donne donc raison à Entertainment Weekly) cela n'en reste pas moins une histoire cynique et triste aux passages bourrés d'émotion qui serrent le ventre la gorge le coeur (et peuvent donner des angoisses, aussi...).
Pages 277, 285... je me suis dit que c'était bien que je sois dans un bain pour le terminer, ce livre, que ça piquait un peu les yeux et que je pouvais toujours mettre ça sur le compte du shampoing...
Je n'ai pas pleuré.
Mais j'aurais presque pu.
J'ai compris le phénomène de ce roman, avec lequel j'ai vécu 24h intenses.
Une jolie rencontre qui laissera probablement quelques traces.
"J’ai bien conscience que c’est irrationnel, mais quand on vous annonce que vous avez, disons, 20% de chances de vivre encore 5 ans, vous vous livrez à un rapide calcul et vous arrivez à la conclusion que ça fait une personne sur cinq… alors vous regardez autour de vous et vous vous dites, comme toute personne saine d’esprit : je vais gratter quatre de ces tocards."