LE CREPUSCULE DES ABEILLES - Célestin ROBAGLIA
Alors que je vous écris, j'en suis à mon second rdv manqué avec Célestin Robaglia, l'auteur de ce roman engagé, sorti aux éditions Tana.
Et je le regrette car j'aurais adoré discuter avec lui de ce livre qui, à travers l'histoire d'Elsa et d'Alice, et le marathon judiciaire les concernant, porte un message crucial, tient un propos très documenté, clair et synthétique, qui fait froid dans le dos et éveille nos consciences.
Un livre à la cause juste, plein de conviction, jamais mélodramatique, où tout est clair et révoltant sur les ravages des pesticides sur le vivant, et la façon dont les études scientifiques sont biaisées par les lobbies qui détournent, contournent et gagnent du temps (et le temps c'est de l'argent, on le sait bien...).
Parce que les intérêts économiques ont toujours été supérieurs à la santé publique, voyez-vous, parce qu'à coups de tentatives d'intimidation et de com' coûteuses au degré zéro de moralité, ils gagnent la confiance d'agriculteurs acculés et aveuglés, qui (s')empoisonnent pour s'en sortir.
Parce que, finalement, que vaut une vie humaine, la survie des abeilles et autres insectes, face à des actionnaires qui veulent rentabiliser leur investissement, hein? Je vous le donne en mille: peanuts.
Un livre à lire absolument, qui fait écho au film Goliath de Frédéric Tellier avec les excellents Pierre Niney et Gilles Lellouche, à voir absolument également.
PS: les nécotinoïdes (pesticides pourtant interdits dans l'union européenne depuis 2018) viennent d'être à nouveau autorisées par le gouvernement dans les champs de betteraves sucrières... Tout va bien.
"Le problème des pesticides est souvent vu comme un élément parmi d'autres de la crise écologique globale. C'est vrai en un sens, mais cela masque le risque déterminant qu'ils font peser sur le vivant. Dans un monde où toutes les problématiques environnementales seraient résolues à l'exception de celle-ci, l'avenir resterait compromis. La disparition des insectes, qui sont tout aussi essentiels à la chaîne alimentaire qu'à la polinisation, ébranlerait la structure même du vivant à son niveau le plus fondamental, et pourrait mener à un effondrement en chaîne dont les conséquences seraient inimaginables.
L'interdiction totale des pesticides semble être la seule issue réaliste à ce désastre annoncé. Les raisons sont multiples: les études réalisées par les firmes agrochimiques pour l'homolgation de leurs pesticides sont protégées par le secret commercial; la présomption d'innocuité de ces produits, une fois en vente, l'emporte sur le principe de précaution; enfin, le manque de moyens de la recherche indépendante et la multiplication des études sur les causes autres que chimiques rendent l'établissement de preuves formelles sur les dégâts constatés (cancers, extinction de la biodoversité...) extrêmement compliqué. Résultat, il faut plusieurs décennies pour faire interdire une seule molécule, quand des centaines d'autres restent en vente libre. A ce rythme, combien d'insectes restera-t-il dans un demi siècle?"
L'auteur >> À la fin de ses études, Célestin Robaglia quitte Paris pour la Bretagne, où il fonde un écolieu avec un groupe d’amis afin de vivre en accord avec ses aspirations profondes : la quête d’un mode de vie en harmonie avec la nature. Le crépuscule des abeilles, son troisième roman, est un texte engagé, issu de sa conviction que l’enjeu majeur de notre époque est la sauvegarde de la biodiversité et des équilibres naturels fragilisés, dans l’espoir d’offrir un avenir viable à l’humanité et à l’ensemble du vivant.