MACADAM - Jean-Paul DIDIERLAURENT
Pour tromper l'ennui lors des confessions, un prêtre s'adonne à un penchant secret. Une jeune femme trouve l'amour aux caisses d'un péage. Pendant la guerre, un bouleau blanc sauve un soldat. Un vieux graphologue se met en quête de l'écriture la plus noire. Une fois l'an, une dame pipi déverrouille la cabine numéro huit...
Lorsque j'ai reçu ce recueil de nouvelles, j'étais contente à l'idée de retrouver Jean-Paul Didierlaurent, car je n'avais pas boudé mon plaisir à la lecture de son roman, Le liseur du 6h27 (en cours d'adaptation ciné).
Macadam rassemble des nouvelles dont certaines écrites avant le roman avaient remporté des prix lui promettant déjà un bel avenir.
D'un prêtre à l'inattendue distraction, à un fossoyeur, en passant par un moustique perturbant une corrida... une dame pipi (oui, déjà) et sa cabine numéro 8, un soldat traumatisé, un petit vieux dans une maison de retraite, une petite fille confrontée à un horrible "croquemitaine"...
J'en passe, mais Jean-Paul Didierlaurent nous plonge avec maîtrise dans un univers parfois mélancolique, ou tendre, très souvent sombre, en nous faisant rencontrer quelques 11 personnages plutôt éloignés/différents les uns des autres, se faisant tous écho dans une certaine douleur et/ou solitude.
Le cadre/l'ambiance/les personnages sont rapidement et efficacement posés dans ces courts textes qui font parfois sourire ou glaçent. Entre nous j'en ai trouvé 3 au-dessus du "lot" (Shrapnel, Le jardin des étoiles et Rose Sparadrap), mais aucun ne m'a laissée indifférente.
Alors, oui, il faut sûrement aimer ce genre littéraire, et effeuiller ce recueil de nouvelles en prenant son temps, sinon on peut se sentir frustré de ne pas en avoir plus (ce qui est bon signe cela dit).
Pour ma part, j'en ai lu une avec mon café matinal pendant quelques (11, donc) jours, et, bien que les chutes de certaines ne m'ont pas toujours surprise (ce qui ne remet absolument pas en cause la qualité du texte), d'autres, puissantes, m'ont accompagnée jusque tard dans la journée.
"La guerre l’avait finalement recraché parmi les siens, décharné et mutique. Il était rentré au pays amputé d’une partie de son esprit, comme d’autres étaient revenus sans bras ou sans jambes, avec la certitude que le morceau manquant de son âme était resté là-bas, au cœur de cette forêt, captif de l’entrelacs de racines. Les mots n'étaient jamais revenus dans sa gorge."
L'auteur >> Jean-Paul Didierlaurent est un romancier et nouvelliste.
Après des études à Nancy (D.U.T de publicité), il est monté travailler quelques temps à Paris avant de retourner dans les Vosges
Il a découvert le monde de la nouvelle en 1997 avec un premier concours, avant de remporter de nombreux prix: prix de la ville de Nanterre en 2004 et 2005, prix de la communauté Française de Belgique en 2005 et de la Libre Belgique en 2006, prix de la nouvelle gourmande de Périgueux en 2008.
Il a vu ses nouvelles publiées dans les recueils "Corrida de muerte", "Arequipa" et "Le Frère de Péret" avant de remporter le prix Hemingway 2010 avec "Brume" et le Prix Hemingway 2012 avec sa nouvelle "Mosquito".
Son premier roman, "Le liseur du 6h27" (2014), édité au Diable Vauvert, connait un succès aussi fulgurant.
Les éditions Au Diable Vauvert sur Facebook: https://www.facebook.com/pages/Au-Diable-Vauvert/168905876546193