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BLABLABLAMIA
12 décembre 2013

VOIR DU PAYS - Delphine COULIN

Voir-du-pays-de-Delphine-Coulin-Grasset_visuel_article2

J'avais aimé le premier roman de Delphine Coulin, Les Traces, et le film qu'elle avait co réalisé avec sa soeur, 17 Filles, qui traitait subtilement d'un sujet pas facile inspiré d'un fait divers (Dans une petite ville au bord de l’océan, dix-sept adolescentes d’un même lycée avaient décidé de tomber enceintes en même temps.)

Dans ce roman, elle choisit encore de ne pas aller vers la facilité en parlant de femmes soldats en plein 
choc post traumatique, de retour d'Afghanistan... et, bien que l'histoire commence comme un roman "normal", on sent d'entrée de chapitre qu'il y a comme une ombre qui menace...

L'histoire >> Deux filles, Aurore et Marine, reviennent d'Afghanistan. Elles y ont vécu six mois de tension, d'horreur, de peur. Elles vont passer trois jours à Chypre, dans un hôtel cinq étoiles, pour ce que l'armée appelle un " sas de décompression ", où on va leur réapprendre à vivre normalement, à oublier la guerre, à coup de séances de débriefing collectif et cours d'aquagym, des soirées arrosées et de visites de sites archéologiques de la vieille Europe.
Dans un décor de filles en maillots et de fêtes sur la plage, Aurore et Marine vont s'apercevoir qu'elles n'ont peut-être plus rien à perdre, et aller jusqu'au bout de la violence.

Déjà, une idée pré-conçue se trouve écornée lorsque Delphine Coulin nous fait comprendre que parfois le choix de l'armée est purement et simplement un choix par provocation, dépression/dépit, ou un choix financier, face au chômage... (quoique, lorsque je lis les derniers articles sur les bugs du logiciel Louvois dont les graves dysfonctionnements perturbent les versements de salaires dans l'armée.....)...
Parfois, donc, l'engagement n'est pas aussi "volontaire" qu'on le pense, en tout cas pas "pour la patrie".
Et c'est aussi parfois juste un choix fait par amitié.

Dans ce roman au titre assez ironique (pour moi, l'expression Voir du pays, c'est normalement en parlant de voyage "touristique" pour "former la jeunesse", se changer les idées) deux femmes se retrouvent à évoluer dans un monde très masculin, et un sentiment étrange et permanent de tension sexuelle, de méfiance, de précautions, les suit.
Aurore et Marine sont donc partie faire la guerre en Afghanistan pendant 6 mois, et en reviennent évidemment marquées par ce qu'elle ont vu et subi, leur amitié 
abimée par un secret qui plane.
Sont elles enfin en sécurité dans ce "sas de décompression" sur une île touristique soit disant loin des conflits?
Peut-on en 3 jours effacer les horreurs vues et vécues...? 

Les flash backs, les séances de thérapie qui montrent combien être sous les ordres est difficile, combien ne rien remettre en question entraîne des "dégâts" considérables, des traumatismes à vie... tous sont en "jet lag" face au luxe et au touristes insouciants, sursautent tous au moindre bruit, ne restent jamais dos à une porte et s'abandonnent dans l'alcool et les médicaments. 
 
Ce roman est un roman dur, sur ces guerres qui se font ailleurs, sur ce que subissent les soldats, la place difficile des femmes soldats, sur la gestion du choc post traumatique, et les déceptions/les désillusions amicales mais aussi politiques/idéalistes.

Élu révélation de l'année 2013 par la rédaction de Lire, ce roman n'a pas été un coup de coeur pour moi mais m'a emmenée vers des chemins inconnus, des conditions de vie/de "travail" inhabituelles, et un questionnement intéressant sur l'engagement.

"(Elle) a haï ceux qui les avaient forcées à accepter leurs guerres imbéciles, les militaires, les politiciens, leurs camarades de combat autant que leurs pères, les mollahs autant que les évêques, ceux qui les avaient poussées à se retrouver là en leur disant que c'était pour la bonne cause, une guerre juste, une vie qui avait du sens, leur sens, le sens de leurs intérêts, de leurs envies, tous ceux pour qui elles n'étaient qu'un morceau de chair."

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Commentaires
S
ce livre est très dur et l'on s'interroge sur ces deux personnages clès . S'agit il de fiction ou d'un reportage documentaire ?<br /> <br /> A travers les lieux cités, on identifie la localisation du roman .<br /> <br /> L'horreur post guerre interpelle.....
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C
on a peu parlé de ce livre et c'est dommage...
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S
pas facile de parler d'un univers muet... pas facile et je comprends que les trauma surfent chez la grande muette
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