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BLABLABLAMIA
13 mai 2018

LA HONTE ! - Jon RONSON

La Honte - Ronson

Un tweet malheureux, un plagiat, une remarque de mauvais goût qui vous échappe et, avec les réseaux sociaux, c’est désormais le monde entier qui peut vous tomber dessus. En quittant ainsi la sphère personnelle, la honte a depuis quelques années connu une promotion inespérée.
Grand reporter d’un genre très particulier, Jon Ronson a rencontré quelques honteux célèbres malgré eux. Au-delà de ces portraits, parfois dramatiques, parfois désopilants, il s’interroge sur cette nouvelle forme insidieuse du contrôle social. Derrière son écran, la majorité silencieuse s’en donne en effet à cœur joie pour pointer les fautes des autres, et s’en réjouir. Et aujourd’hui, une journée où personne n’est désigné du doigt sur la Toile finit par être ennuyeuse, sinon décevante. Seraient-ce les nouveaux jeux du cirque? 

Toute personne utilisant régulièrement Internet et les réseaux sociaux reste parfois perplexe au sujet de ces véritables sources d'information et lieux d'échange, qui se transforment de plus en plus souvent en tribunaux publics où certains, sous couvert d'anonymat, se laissent aller à toutes sortes d'humiliations publiques, harcèlement, insultes, règlements de comptes, lancement de rumeurs... 

C'est après avoir été victime d'un spambot ayant usurpé son identité sur Twitter que Jon Ronson, journaliste, auteur et réalisateur reconnu, s'est lui aussi interrogé à propos de la Toile et ses risques, et est parti à la rencontre de personnes ayant connu la violence d'un lynchage ou ayant elles-mêmes déclenché un "bashing".
De cette jeune femme au tweet malheureux, qui fera un tel buzz qu'elle en perdra son job, à cet auteur accusé de plagiat et de citations mensongères (grâce à une plus grande possibilité de "fact-checking"), en passant par un développeur informatique pris en photo par une "collègue" suite à une blague douteuse, ils ont tous eu maille à partir avec l'opinion publique/les réseaux sociaux, jusqu'au drame même parfois. 
Et cela interroge, sur notre société et ses violentes réactions épidermiques et instantanées, sur la "psychologie des foules" (ouvrage de Gustave Le Bon, médecin et sociologue, cité dans le livre). Car même si la majorité d'entre eux méritait de se faire taper sur les doigts, cela n'aurait pas dû prendre l'ampleur engendrée par l'incroyable caisse de résonance que sont devenus les réseaux sociaux.

Pour ma part, internet m'a apporté beaucoup, offert de stimulants échanges et nourrie de belles rencontres, et Twitter est un de mes premiers fournisseurs d'infos, mais j'ai dernièrement pris quelques distances avec les réseaux sociaux, et même avec mon blog (cela se voit au rythme de mes publications... bon, c'est aussi un peu pour des raisons perso...), alors ce livre/docu ne pouvait pas mieux tomber. Parce qu'il met le doigt sur ce côté "arènes publiques" qui me dérange, les trolls infatigables, la rapidité à laquelle certaines vies basculent/certaines personnes sont jugées parfois à cause d'un malentendu, un tweet/post/une blague mal rédigé(e)/mal interprété(e), ou à cause de propos provoquant des réactions en masse sans aucune modération (ni modérateur...). 
Jon Ronson, avec ce livre instructif grâce aux témoignages édifiants et dérives disproportionnées qu'il expose, ne se pose pas en juge car il avoue avoir eu lui-même des réactions excessives sur les réseaux, mais il encourage à faire preuve de prudence et de pondération, ce qui n'est jamais inutile. 

"J'ai (...) sorti mon téléphone et demandé sur Twitter : « Twitter est-il devenu un tribunal de pacotille ? »
« Pas un tribunal de pacotille, a répondu quelqu'un assez laconiquement. Twitter ne peut toujours pas prononcer de sentence. Juste des commentaires. Contrairement à vous, Jon, nous ne sommes pas payés pour ça. »
Avait-il raison ? J'avais l'impression que c'était une question qui méritait réellement une réponse, car aucun de nous ne semblait se demander si la personne que nous venions d'humilier, quelle qu'elle soit, se portait bien ou était détruite. Je suppose que quand les humiliations sont administrées à distance, comme des frappes de drones, personne n'a besoin de songer à la férocité de notre pouvoir collectif. Le flocon de neige n'a pas à se sentir responsable de l'avalanche."


L'auteur >> Né en 1967 à Cardiff, Jon Ronson est écrivain, journaliste pour The Guardian, scénariste et réalisateur de documentaires pour la télévision. Il a également travaillé pour deux radios (Channel 4 et Radio 4).
Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, dont plusieurs sont des best-sellers internationaux, comme Êtes-vous un psychopate ?. Jon Ronson est également le scénariste de Okja, premier long métrage produit et distribué par Netflix et sélectionné en compétition au festival de Cannes.
Son livre le plus connu, Les Chèvres du Pentagone, a été adapté au cinéma en 2009 par Grant Heslov avec, au casting, George Clooney, Jeff Bridges et Ewan McGregor.
Il vit aujourd’hui à Londres.

Les éditions Sonatine: https://www.lisez.com/sonatine/31

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Commentaires
K
Je pese que ce serait aussi très anxiogène pour moi. Mais je viens tellement arghhhh pour les twitter dramas que je serais trop fâchée, je pense.
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C
Un livre qui colle à son époque. Mon blog est si isolé et ma page facebook grandement limitée aux potes et à la famille mais il est quelque chose de vertigineux dans les réseaux sociaux et leur agressivité.
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K
Ca semble intéressant mais comme Antigone, j'aurais peur de trouver ça un peu stressant. J'évite twitter pour éviter les dramas et le bashing gratuit (ou pas). Du coup, on s'auto-censure énormément. Incroyable ce qui se dit sur les réseaux sociaux.
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K
Je me limite aussi à des publications et à commentaires sans risques... Les discussions qui peuvent déraper se repèrent facilement. Mais je suis toujours sidérée par la haine qui se déverse sous les articles d'actualités où les commentaires ne sont pas modérés, je trouve ça écœurant, le manque total de bienveillance de grand nombre d'individus.
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A
Je pense que cette lecture serait un peu anxiogène pour moi. Je fuis les situations ou les discussions orageuses sur les réseaux, de toutes façons. Oui il faut être prudent et "sur la réserve", un peu.
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