Je lisais de plus en plus de billets négatifs au sujet de ce roman que j'avais noté à la rentrée, car Maria Pourchet m'avait régalée avec Avancer.
J'avais donc hésité, puis un jour il est arrivé par hasard entre mes mains, plus de raison de ne pas aller à sa découverte.

L'histoire >> Pour les 40 ans de Paul, sa femme Marguerite a organisé une fête surprise sur la terrasse d'un hôtel. Tandis que les invités arrivent, s'installent et se découvrent, Paul et Marguerite se déchirent dans leur appartement, qu'ils ne parviennent pas à quitter.

Certain(e)s diront/disent que c'est téléphoné, qu'il y a des clichés qui s'accumulent: homme chômeur qui s'enkyste, femme hyper active, un ami je-sais-tout, un producteur-qui-roule-des-mécaniques, une actrice ratée, une collègue fausse-amie, des invités-mystères, etc...).
Moi, ça ne m'a pas dérangée, car j'en ai croisés (et vous aussi j'en suis sûre) certain(e)s (pour pas dire tous....) de ces clichés en chair, en os, en gestes et en voix.

Tout comme j'ai connu de ces couples en crise, qui lâchent enfin les mots/les insultes, trop longtemps retenus. Où une goutte d'eau, un ultime geste, une xième mésentente met le feu aux poudres. Où les trahisons sont punies d'une belle ironie.

Tout cela, Maria Pourchet l'écrit avec un humour plutot pertinent.
Elle nous offre la comédie dramatique d'un fiasco annoncé, d'une société affaiblie, des rapports "amicaux" sournois, de retrouvailles où l'on se toise (et termine en thérapie de groupe), de l'amour qui s'étiole, les souvenirs qui défilent et glissent, où les malentendus et les apparences tiennent un rôle prédominants.

Maria Pourchet, enfin le narrateur/narratrice, s'adresse régulièrement directement au lecteur dans un style assez corrosif et vif, très théâtral, un peu à la Guitry, ce qui allège la vision négative (mais à mes yeux très réaliste) de nos contemporains pour qui les choses partent à vaux l'eau, jusqu'à un retournement final plutôt drôle.

OK, je ne vais pas non plus vous dire que c'est ma lecture du mois et pourtant il y avait tous les ingrédients... alors j'ai cherché...
Et je crois que le souci, c'est que bien que certains personnages soient hauts en couleurs, on ne s'attache à aucun d'entre eux, c'est peut être, même sûrement, "fait pour", pour que l'on ait le recul nécessaire pour regarder tout cela "de haut", mais ça peut ne pas avoir fonctionné chez certain(e)s.

En conclusion, j'ai tout de même trouvé intéressant ce texte assez punchy qui nous dit en substance que "Rome ne s'est pas faite en un jour" mais pourrait être détruite en bien moins de temps, qu'en quelques secondes, tout peut s'écrouler.
Pas mal.

"Marguerite debout face au lavabo, elle passe un Kleenex sous le jet d’eau froide, l’applique sur ses yeux. Elle pleure ? Plus maintenant. Elle essuie sous sa paupière l’effusion cendrée d’un mascara qui s’était pourtant présenté comme waterproof. Marguerite observe son image ou peut-être la fêlure à l’angle du miroir, Marguerite se coiffe, tentant d’insuffler à la masse transparente de ses cheveux un effet de volume qui s’évanouit aussitôt. Elle recommence, en crêpant davantage les racines. Ça ira."

Rome en un jour a obtenu le prix Erckmann Chatrian (appelé le "Goncourt lorrain").

ROME EN UN JOUR - Maria POURCHET

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