Tout commence en 1887 au fond de l'arrière-pays canadien : à la disparition de son père, le jeune Joe O"Brien, brusquement chef de famille, met tout en oeuvre pour assurer la subsistance des siens. Dur à la tâche, brillant, il comprend vite que rester enterré dans le Pontiac ne lui suffira jamais. Après la mort de leur mère, il organise avec l’aide d’un vieux jésuite le départ de la fratrie pour une nouvelle vie - les filles au couvent, un frère au séminaire, l’autre en Californie et Joe à l’assaut du continent!
Sa rencontre avec l’indépendante Iseult Wilkins donne subitement un sens à sa quête de réussite : de Venice Beach à Montréal en passant par la Colombie-Britannique, Joe ne cessera dès lors d’oeuvrer à l’établissement de son clan.

Peter Berhens m'avait séduite en 2008 avec La loi des rêves (qui reste mon favori), basé sur son histoire familiale, dont les O'Brien est la continuité (mais il peut être lu seul).
J'ai retrouvé ici sa narration fluide, dans un condensé (un peu accéléré parfois...) de mes cours d'histoire nord-américaine.

J'aurais pu rester sur le bord mais j'ai plongé dans cette fresque humaine/saga familiale où l'histoire d'un homme et de sa famille se mêle à l'histoire de son pays et du monde entier.
J'ai rapidement apprécié Joe O'Brien, totalement dépourvu d'innoncence dès l'enfance, sa force, sa volonté mais aussi son détachement, et sa rencontre avec Iseult, qui deviendra sa femme, les épreuves traversées, les voyages, les naissances, les deuils... Oui c'est un récit classique, en somme.

Mais c'est avec plaisir que nous suivons leurs destins, celui des frères et soeurs de Joe, et leurs enfants, qui deviennent tous plutôt attachants (certains plus que d'autres, quand même).
Le décalage entre les générations, les convictions opposées, l'évolution des mentalités et de la condition féminine.
La soif de vengeance sur le sort et le désir de réussite d'un homme, qui n'est pour autant pas un surhomme... et des vies de couples.
En parallèle, nous voyons apparaître et construire les premières voies ferrées, nous traversons les 2 guerres mondiales vues d'amérique (et vécues par leurs soldats), les années folles, les débuts de l'aviation et de la photographie.
Tout cela en traversant des paysages canadiens et américains comme si on y était.

C'est une histoire plutôt convaincante (dont j'attends la suite, bientôt), dans laquelle on se coule facilement qui s'essoufle un peu en court de route mais parvient à se reprendre ensuite, cela ne m'a, du moins, jamais oté l'envie de savoir ce qu'il advenait des O'Brien et de cette histoire faite de rencontres, de sentiments, de peines, de la vie de cette famille américaine bourgeoise ordinaire donc imparfaite, dont la conclusion disant que c'est le son des voix familières qui, toujours, sauve et guide, ne peut que nous parler.

"Ils s'étaient fait mal l'un à l'autre, il s'étaient fait mal à eux-mêmes.(...) Mais ils s'étaient rétablis, la famille n'avait pas éclaté, ils avaient tenu bon. (...)La souffrance les avait unis alors même qu'à l'époque elle semblait sur le point de briser leur ménage. Leur mariage avait été leur boué de sauvetage."

LES O'BRIEN - Peter BEHRENS

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