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BLABLABLAMIA
19 juin 2013

LE METRO EST UN SPORT COLLECTIF - Bertrand GUILLOT

le-metro-bertrand-guillot

Parisienne depuis toujours (et mon toujours commence à faire long....) j'ai souvent, beaucoup, pris le métro.
Souvent, beaucoup, aussi, j'ai observé, écouté et même entendu contre mon gré, les autres passagers, supporté leurs parfums capiteux déposés sur leurs peaux pour masquer leur flemme de prendre une douche matinale, croisé les mêmes SDF toujours aux mêmes heures et aux discours fatigués comme eux... ignoré de lourdingues tripoteurs/souffles dans le dos/colleurs de genoux, écrasé (très) volontairement des pieds... inspiré, expiré, fermé les yeux pour profiter d'un courant d'air frais... croisé des rêveurs, des ronfleurs, des lecteurs aux couvertures de livres recouvertes de papier (et étiré mon cou pour essayer d'en deviner les titres)...

Je savais que je n'étais pas la seule à faire cela, qu'il existait une sorte de communauté d'irréductibles profiteurs de ces instants volés durant ce temps suspendu sous terre...
Bertrand Guillot est de ceux là (et, je me demande combien de personnes viennent désormais lui raconter leurs anecdotes métropolitaines...). 

D'aucuns me diront qu'ils n'ont pas envie qu'on leur parle métro (boulot dodo), parce qu'ils n'aiment pas le prendre, voire ne le prennent plus.
Parce que le métro c'est tout un monde bruyant qui fait peur, sent mauvais, impressionne, secoue.
Oui, c'est sportif, de prendre le métro. 
Une sorte de match quotidien, de lutte contemporaine.
Mais c'est bel et bien un sport collectif.

Et, par le biais de ces chroniques, Bertrand Guillot nous emporte sur toutes les lignes, y compris celles de métros à l'étranger, en y distillant un vent de poésie, de sensibilité, d'humour, servant un incroyable sens du détail humain.

Ah oui, ça alors, quel oeil!
Quel art de la transmission de l'émotion...
Quel don de distinguer un regard un geste infime, de partager l'intime, de faire exister celle ou celui qui se croyait anonyme et insignifiant, mais a eu la chance de le croiser et d'exister dans ces quelques pages.
Quel condensé bourré de délicatesse, de ces vies qui se croisent, se bousculent et se rencontrent parfois.
Et ce sentiment de honte que l'on a tous eu face à de discrets manques de courage... l'agacement que l'on tait, le renoncement à l'affrontement, les soupirs, dire mille fois "pardon", compter les "mercis", en faire des trésors.

Des pépites. Comme ce livre coup de coeur, qui restera toujours à portée de mains, pour y puiser ce dont parfois j'aurai besoin.

"On peut aussi penser au nombre de personnes qui s'écartent pour nous laisser passer, à ces mains qui bougent sur la barre centrale pour laisser la place à l'autre, à ces remerciements tout en silence, à ces regards qui se croisent, à ces bouches qui s'élargissent en recevant un sms, à toi hier qui as laissé ta place à la femme enceinte, à ces trois mots échangés impromptu, à vous madame qui n'avez rien dit quand on vous a bousculée involontairement, à ces trois jeunes à capuche qui squattaient l'escalator, à toi qui derrière eux, au lieu de maugréer "Pourraient pas se pousser ces petits cons", as murmuré un "Pardon" poli, et à ce gamin qui s'est poussé en s'excusant, hop, parfois la vie est si facile.
  Parfois."

Pour le plaisir de lire encore, ou découvrir, un texte de cet auteur, voici le lien vers la nouvelle qu'il a écrite en 2006:
http://prixdeflore2006.20six.fr/prixdeflore2006/art/802986/La-Faune-on-the-Flore-version-integrale

Et, tant qu'on y est, le lien vers son blog:
http://secondflore.hautetfort.com

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Commentaires
A
PS: je l'ai reçu hier, je l'ai commencé tout de suite et vraiment MERCI!!
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A
Tu donnes tellement envie d'aller à la découverte de cet auteur!
Répondre
L
Assez tentant ! (pas de prendre le métro, hein ! mais de lire cet auteur !)
Répondre
P
Tu connais mon amour pour Paris et le métro, ça me manque beaucoup! Je vais vite le lire ce recueil qui nous a offert ce si bel article.
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K
Et il faut aussi lire son récit ba ba!!!k
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