CHERCHER PROUST - Michaël URAS

À l’âge où les garçons commencent à s’intéresser de près aux jeunes filles en fleur, Jacques Bartel, adolescent ordinaire dont la vie intérieure est aussi riche que la vie sociale est terne, se découvre une idole : Marcel Proust. Toute son existence est désormais « sous domination proustienne ». Ses parents s’en inquiètent, surtout sa mère, qui a lu dans un livre que Proust était homosexuel (et même, un habitué des bordels !).Les années passant, c’est tout naturellement que Jacques devient chercheur en littérature, spécialiste de Proust, voué corps et âme à sa passion, qui finalement, il faut bien se rendre à l’évidence, ne le mène pas à grand-chose. À moins que, de vaines recherches en temps perdu, ne s’annonce une nécessaire métamorphose…

Tout littéraire se retrouvera en partie dans les propos, aventures/mésaventures de Jacques Bartel, et en sourira comme moi (mais pas seulement).
Dans ce roman/récit, partiellement autobiographique/auto fictionnel/parodique, Michaël Uras partage avec nous son enfance (avec des parents très éloignés et inquiets de ses intérêts/aspirations) puis sa vie envahie par l'admiration qu'il voue à Marcel Proust.
Admiration qui le fera devenir chercheur sur ledit écrivain, mais qui, aussi, lui coûtera beaucoup, car malheureusement pour lui, cela ne lui offrira pas franchement de supplément de sex-appeal, et ne provoquera que très rarement un vif enthousiasme de la part de son entourage proche ou de ses interlocuteurs... (ici Proust, mais finalement, cela pourrait tout autant être un chanteur ou un acteur célèbre...).
Il faut dire qu'il n'est pas aidé, notre Jacques Bartel... que ce soit par ses parents qui craignent qu'il ne soit homosexuel en le voyant afficher, enfant, un poster de l'auteur (et lui mettent la pression), sa compagne déjà pas commode qui sature, son meilleur ami qui n'est pas si meilleur ni si ami que cela, un officier de police médusé, ou les autres chercheurs qui cherchent surtout à tirer la couverture à eux... Michaël Uras nous offre une divine galerie de personnages "secondaires".

Le tout donne un texte plein de vivacité, tantôt drôle, tantôt touchant, parfois cynique, où Michaël Uras alterne souvenirs intimes, amour des livres, déboires d'un jeune homme un peu "vieux garçon dans l'âme" relativement incompris et soumis, et règlements de comptes par le biais de petits tacles savoureux, se moquant autant de lui-même que des autres. 

Un très bon premier roman qui nous encourage à faire fi des embûches, à ne pas renoncer à nos passions/nos envies... et à chercher chercher chercher, pour se trouver.

"En France, faire des études de Lettres, c'est forcément ne rien faire, puisque pour la plupart, lire c'est ne rien faire."

Chercher Proust a été finaliste du prix de l'Inaperçu 2013, et traduit en italien par Giacomo Melloni et Giuseppe Girimonti Greco sous le titre Io e Proust en janvier 2014.
À cette occasion, Michaël Uras a été l’invité de l'Institut français d'Italie dans le cadre du Festival de la fiction française (FFF)

L'auteur >>Né en France d’un père d’origine sarde et d’une mère française, Michaël Uras a grandi dans le Jura dans un milieu ouvrier où la littérature n’occupe pas beaucoup de place. Sa passion précoce pour la lecture, et en particulier pour l’œuvre de Marcel Proust, le pousse vers des études littéraires. Il étudie les lettres à Besançon puis à la Sorbonne. Il est aujourd’hui professeur de lettres et vit dans la région de Montbéliard. Son deuxième roman paru en 2014, Nos souvenirs flottent dans une mare poisseuse, est une autofiction: les chroniques d’une enfance partagée entre la France et la Sardaigne.

Le Livre de Poche: http://www.livredepoche.com/
Les éditions Christophe Lucquin: http://www.lc-editions.com/

Comments

[gerard]

Grosse déception ! Pourtant l' idée était originale . Un livre plein de promesses ... Le début est excellent mais l' histoire s' enlise inexorablement dans des considerations , des situations de plus en plus éloignées du sujet . Les errances sentimentales , les apparitions " fantastiques " sur lesquelles nous n' auront aucune réponse , jusqu' à la gestation du livre ! Non , decidement c' est un peu trop facile ... celà finit par être du " remplissage " pour atteindre les 200 pages ... Il semble que l' histoire ait échappé à son auteur . Quelques bons passages toutefois ... Mais on est loin de " Proust fantôme " ( Jerome Prieur ) ou de " Comment Proust peut changer votre vie ( Alain de Botton ) ... que je recommande à tout prix !

Mais c' est une opinion personnelle ...

[Karine:)]

Celui-là, je le veux! Faut juste le trouver! MAis le thème, Proust... tout me tente.