LA RUCHE - Arthur LOUSTALOT
Ce roman m'a d'abord attirée par son titre, puis sa 4ème de couv et cette photo de bandeau.
Et il faut bien dire que l'ensemble représente parfaitement l'histoire où il est bien question d'une ruche/huis clos au bourdonnement permanent et à l'environnement collant et angoissant...
L'histoire est celle d'une descente dans la folie, d'un cercle vicieux... d'une femme, d'une mère qui ne parvient pas à se sortir du rôle de victime, et qui impacte, par ricochet, sa famille, et ses trois filles.
De quand date le début de la chute?
Qui/quelle en est l'origine?
Et qui/quelle qu'en soit l'origine... doit on en supporter ce quotidien sous prétexte que l'on soit lié(e)s?
Quel choix faire, lorsque l'on pense avoir tout tenté? Quelle survie décider d'assurer?
Lire ce livre se fait de manière très intime je crois.
Ce qui en fait aussi une expérience très intéressante.
Il peut franchement bousculer par sa narration qui fait penser à une mise en scène de pièce de théatre... ou à, par exemple, "Pardonnez moi", un film de Maïwenn Le Besco, voyez? Ce genre de films où les conversations se chevauchent, les cris fusent, les mots se percutent, le son n'est jamais égal...
Ici, les prénoms se répètent s'enchaînent, sont martelés sans aucun temps mort ni temps de respiration pour le lecteur.
Les descriptions réalistes nous immergent sous ces crânes en souffrance et dans ce lieu unique, à l'ambiance pesante, cet appartement sans vue extérieure et étouffant, à l'air saturé de tabac et de mauvaises ondes...
La culpabilité que ressentent ces trois filles dépassées, leur usure, la fuite du mari infidèle et cette femme qui ne remonte pas, mais sombre de plus en plus dans la dépression et une incontrôlable colère face à l'abandon et l'absence.
Ce roman ne laisse clairement pas de marbre, il interroge, il déstabilise le lecteur dans ce malaise, cet enchaînement ininterrompu et tendu jusqu'au point final, la dernière porte fermée.
" - quand je pense à tout ce qui a suivi, et aux enchaînements - ce qu'on essaie de faire, pour être sûres de notre choix, et toutes nos questions: pourquoi ça a cassé entre eux - et oui c'était perdu d'avance, avant nos naissances - elle était insatisfaite, il ne pouvait pas lui donner autant, et nous au milieu - eh bien, quand je pense à tout ça, d'un coup, je suis fatiguée, comme morte, je ne peux plus penser à rien. Je n'ai plus la haine, plus peur - j'ai simplement envie de dormir, longtemps, dans tout ça, presque de mourir - parce que ça me fait vriller la tête et parce que ça ne change rien: elle a gâché sa vie et nous a aimées à l'infini."