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BLABLABLAMIA
30 mars 2013

06h41 - Jean Philippe BLONDEL

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Nous pourrions toutes et tous être les personnages de ce roman, aux noms banals, Cécile Duffaut, ou Philippe Leduc. 
Des noms qui les rendent totalement universels dans ce roman au mode narratif alternant les monologues elle/lui, qui pourrait paraître monotone mais nous met au diapason du rythme régulier du train dans lequel ils se trouvent.

L’histoire ?
Cécile Duffaut vient de passer le week-end chez ses parents à Troyes. Son mari et sa fille n'ont pas voulu l'accompagner. Trop ennuyeux ses vieux. Après deux jours de silence et d'incompréhension, elle est pourtant restée la nuit du dimanche ! Furieuse contre elle-même, elle attend donc, ce lundi matin, le train de 6h41 pour Paris. 
À quelques mètres, Philippe Leduc fait les cent pas. Il attend le 6h41. Pour lui, une journée particulière commence. Il préviendra le boulot plus tard. Il se dit qu'il pourrait disparaître. Personne ne l'attend. Divorcé. Ses enfants indifférents. Ses amis perdus. Enfin, pas vraiment, puisqu'il fait ce voyage pour rendre visite à Matthieu, l'ami d’enfance.
Pour une fois, le train est à l'heure. C'est l'assaut et le départ. Philippe Leduc erre dans les wagons et trouve enfin une place libre. Juste à côté de Cécile Duffaut. Aussitôt, ils se reconnaissent mais font comme si de rien n'était...

Imaginez donc. 
Un/une ex de jeunesse. Qui vous a profondément blessée/que vous avez mal traitée… 
Et voilà que vous vous retrouvez par hasard côte à côte dans le train Troyes-Paris de 06h41 (ça c’est bien un horaire SNCF…)…

Une fois la surprise passée et les corps/visages scrutés, tout remonte à la surface. 
Leur histoire, vécue par chacun d’entre eux. 
La colère, la rancoeur de l’une, la culpabilité de l’autre.
Et toujours le silence entre eux deux, qui feignent l’ignorance, respectent le masque des convenances. En apparence.

Car dans leurs têtes, la tempête, l’âge des bilans, des questions, des constats.

Le train, et son moment hors du temps/de la vie, là coincé dans un fauteuil, assez propice pour la réflexion, l’introspection (sauf si on est accompagné(e) d’enfants, mais bon, ce n’est pas le sujet…)… 

Les parents qui vieillissent, les enfants qui grandissent (oh, mon Dieu, le passage sur les enfants/ballons d’hélium… ♥), les amis qui blessent puis ont besoin de soutien… et notre place dans ton ça, elle est où ?
A-t-on été fidèle à soi même ? 
La mue a-t-elle été celle à laquelle on aspirait ? En quoi une histoire d’amour qui finit mal peut-elle déterminer la personne que vous allez devenir ? (« Plus jamais une fourmi »).
Elle, physique quelconque dans le passé, lui si beau, comment ont ils vieilli ? Tient-elle sa revanche ? Lui demandera-t-il pardon ?

Qui va parler le premier ? Si tant est qu’ils se parlent avant l’arrivée en gare?

Court, mélancolique, sans concession et délicat.

« Personne ne nous a jamais prévenus que la vie, c'était long. Que les slogans faciles qui font battre le coeur, les "vivre vite", les "mourir tôt"- tout ça, c'était des balivernes. Personne ne nous a dit non plus que le plus dur, ce n'était pas les ruptures, mais la déliquescence. Le délitement des relations, des êtres, des goûts, des corps, de l'envie. Jusqu'à une sorte de marécage où il est impossible de savoir ce que l'on aime. Et ce que l'on déteste. Ce n'est pas un état aussi désagréable qu'on pourrait le penser. C'est juste une atonie. Avec des tâches de lumière éparses. »

« On n’imagine jamais que certaines phrases vont rester ancrées, plantées comme des échardes – et qu’elles vont revenir tout dévaster à certains moments de l’existence. »
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