N'OUBLIE PAS LES OISEAUX - Murielle MAGELLAN
Murielle Magellan c'est pour moi, d'abord, un nom que j'ai connu au théâtre (j'avais vu sa pièce Pierre et Papillon il y a quelques années (...), à ce propos vous pouvez d'ailleurs aller la voir jouer ce dimanche 9/03 au théatre Darius Milhaud à Paris http://tdm4.perso.sfr.fr/pierreetpapillon.htm).
Ensuite, j'avais lu, et aimé, ses premiers romans (Le lendemain Gabrielle et Un refrain sur les murs > sorti chez Pocket).
Sans parler, tout en en parlant, de la BD/Spectacle d'Océane Rosemarie et Sandrine Revel, La lesbienne invisible, dont elle signe le scénario et la mise en scène.
C'est étonnant car, en lisant N'oublie pas les Oiseaux, j'ai réalisé que finalement les premières fois où j'ai entendu parler de Murielle Magellan, et entendu le nom de l'homme slave, elle vivait l'histoire qu'elle nous livre ici.
Car oui, c'est son histoire dont elle parle, avec grace et sincérité, et sans remords ni regrets, ni attaques.
Et pourtant, bien que ce soit son histoire, je crois que chaque lectrice se retrouve dans ses mots, dans cette histoire de premier amour intense et exigeant.
Dans cet apprentissage de l'amour, à l'image de cette couv' faite de rouge-passion dévorante, et cette échelle représentant un équilibre sentimental précaire-miraculeux, faisant parfois cotoyer le ciel et les oiseaux mais faisant aussi courir de grands risques...
Murielle Magellan aurait pu se présenter comme la victime d'un homme-pygmalion de 25 ans de plus qu'elle, instable, séducteur, infidèle, un homme qui vit, un homme qui jouit, dont elle "absorbe" la philosophie par choix de faire primer ses sentiments face à ses principes, étouffer ses souffrances, pour vivre une histoire "hors normes" contre laquelle elle ne peut lutter.
Nous suivons donc son évolution sur les 20 ans que durera leur relation parfois en pointillés, de la jeune élève "tenace" amoureuse de ce prof charismatique, en passant par la chute/la peine puis la libération de la jeune fille devenue femme forte et accomplie, qui, malgré la perte, reste debout, tient par la présence de leur enfant, et par son envie de prouver de quoi elle est capable dans son métier d'écriture.
Murielle Magellan inclu des extraits des carnets intimes qu'elle tenait alors, posant un regard bienveillant sur les croyances "naïves" de ses 20 ans, son "combat" pour cet amour jugé impossible, menacé, qui ne la laisse jamais le vivre l'esprit tranquille et la rend esclave (à une époque où l'on devait rester assis(e) devant un téléphone, coincée chez soi, pour être joignable...).
Un amour explosif mais également doux et évident, plein d'attentions, de petits mots et de moments forts.
Un amour qui, par son intensité, sa passion, expliquerait, peut-être sa brieveté, sa dureté... mais ne l'empêche pas de sombrer dans une sorte de banalité.
Murielle Magellan partage avec ses lecteurs tout ce chemin de vie jusqu'à sa découverte de l'apaisement, la résignation calme de la trentenaire... et la complicité mère/fils qui la porte, leurs 2 vies qui l'emportent.
J'ai vraiment été très touchée par ce récit qui vient presque inévitablement chatouiller des bouts de soi...
Et j'ai surtout été touchée par ce récit/témoignage d'une femme qui a aimé comme elle a pu un homme séducteur-destructeur-instable mais pas malsain, auquel elle offre ici un très bel hommage post mortem, sans concession mais avec encore beaucoup d'amour et de respect pour ce qu'ils ont partagé.
D'ailleurs le roman devait a priori initialement s'appeler La symphonie de l'homme slave, ce qui avait, je pense, un petit côté négatif, que j'aime voir effacé par ce titre bien plus poétique et doux.
Un récit aux cicatrices encore à fleur de peau malgré la patine du temps, dont la conclusion serait, pour moi, de ne pas oublier, tels des oiseaux, de "simplement" se laisser porter par le vent...
"J'avais l'intuition d'être au pied d'un amour. Cette tempête en moi lors de son coup de fil déclencheur m'avait fortement marquée. C'était elle que j'attendais à nouveau. Cette collision entre son désir et le mien. L'amour, de mon point de vue, je peux le dire aujourd'hui, c'est d'attendre longtemps, tapie dans les recoins du lien, pour que soudain surgisse l'improbable. Et il surgit. Souvent. Oui. Puissant."