Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLABLABLAMIA
27 juin 2016

TREIZE - Aurore BÈGUE

Treize

Alice, treize ans, part en vacances en famille sur la côte méditerranéenne.
Durant cet été, elle observe sa soeur aînée, Marie et son comportement face aux hommes. Les trois ans qui les séparent lui semblent être désormais un fossé infranchissable.
Elle porte aussi un regard lucide sur sa mère fragile pyschologiquement et son père qui surjoue la normalité pour rassurer ses filles.
A treize ans, on est parfois plus réaliste que les autres. Alice sent avant tout le monde le drame qui se noue pendant ces vacances et va bouleverser toute son existence.

Treize est le premier roman d'Aurore Bègue. Et, personnellement, j'ai été plutôt bluffée, et mon ado de 16 ans a, elle aussi, été conquise.
J'ai beaucoup vu Treize être décrit comme un roman sur l'adolescence et les premiers émois dans la chaleur des vacances en bord de mer... 
C'est vrai, mais ce n'est "pas que" cela.
Oui, Alice découvre les sentiments amoureux, la passion déraisonnable, l'attrait de l'interdit...
Mais Treize a un autre thème central à mes yeux, qui est celui de la famille, le manque de cohésion, la cohabitation à quatre vécue entre l'inquiétude/incompréhension d'une fille envers une mère dépressive et un père dépassé, et l'admiration-jalousie envers une
 soeur aînée outrageusement belle et séduisante...

Treize est un livre qui dure le temps d'un été où tout bascule, un livre court mais dense où l'ennui et la gène sont finement mêlés aux impatiences et emballements d'une jeune fille en pleine "mutation". 
Le décor et l'ambiance sont parfaitement plantés, les personnages incarnés, le style maîtrisé, tendu, visuel, pour nous décrire au plus près les 
désillusions et bouleversements qui surgissent, massacrent l'innocence et projettent violemment dans la vie d'adulte...
Enfin, Aurore Bègue aborde, en filigrane et de manière poignante, la culpabilité avec laquelle on survit à un drame, et devient mère soi-même. 

"Il y avait les fleurs bleues, jaunes et blanches du papier peint, et son motif répété à l’infini, si familier! 
Ce lit qui s’affaissait légèrement quand je m’allongeais dessus, les sandales de plage de l’année passée, trop petites et aux semelles élimées laissées en dessous à l’abandon. Dans le jardin, l’immense saule pleureur là pour nous protéger du soleil parfois trop violent, sous lequel j’aimais m’installer pour lire. Ses branches retombaient si bas qu’elles touchaient presque l’herbe, et il fallait les relever pour entrer dans l’espace ainsi créé, comme le rideau de porte en bambou qui menait à la cuisine. Les vélos dans un renfoncement de l’entrée, de différentes tailles, certains rouillés par endroits et aux pneus dégonflés, que l’on retrouvait année après année. Un monde particulier, à moi, à ma famille.
Tout aurait pu être comme d’habitude.
Nous serions rentrés le dernier jour d’août, deux adultes et deux enfants déjà nostalgiques mais le teint doré, et nous aurions repris le cours de notre vie, comme toutes les fins d’été précédentes, car ce n’était pas censé se passer comme cela, de manière aussi absurde, aussi insensée, n’est-ce pas?"

L'auteur(e) >> Aurore Bègue a été libraire. Elle vit à Paris, "Treize", paru chez Rue Fromentin, est son premier roman.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité