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19 mars 2014

NOS MÈRES - Antoine WAUTERS

nos mères

Dans un pays du Proche-Orient, un enfant et sa mère occupent une maison jaune juchée sur une colline. La guerre a emporté le père. Mère et fils voudraient se blottir l'un contre l'autre, s'aimer et se le dire, mais tandis que l'une arpente la terrasse en ressassant ses souvenirs, l'autre, dans le grenier où elle a cru opportun de le cacher, se plonge dans des rêveries, des jeux et des divagations que lui permet seule la complicité amicale des mots. Soudain la guerre reprend. Commence alors pour Jean une nouvelle vie, dans un pays d'Europe où une autre mère l'attend, Sophie, convaincue de trouver en lui l'être de lumière qu'elle pourra choyer et qui l'aidera, pense-t-elle, à vaincre en retour ses propres fantômes.

Sacré roman que voici, salué et couronné par le prix Première 2014 (décerné par les auditeurs de la RTBF). Mais ce n'est pas le premier coup de maître d'Antoine Wauters, qui me semble être l'un des jeunes auteurs Belges les plus prometteurs (avis partagé avec le journal Marianne version belge, et Focus Vif).

Ceci étant, il m'a fallu quelques pages pour m'adapter au style d'Antoine Wauters (qui évolue au cours du roman), c'est un style énergique mêlé à une hypersensibilité qui ébranle, parce que la gravité est dans chaque mot, et que l'on doit immédiatement se familiariser avec cette "tension", les lieux en huis clos, et cerner les personnages.
Un enfant/des enfants...? Une mère/des mères?
Des corps, vivants, mourants, transparents... L'isolement, pour éviter les risques et les conflits. La nature qui impose malgré tout ses sons et ses parfums. 
En pleine guerre faisant rage à l'extérieur, une autre se déroule à l'intérieur, différemment, au sein d'une mère surprotectrice "mal-traitante" folle de chagrin après la mort du père.

Et malgré l'incompréhension innocente face à une mère "claustratrice", c'est la vie, l'amour que Jean lui porte, son imaginaire (dans lequel une fille peut s'appeler Luc) et l'énergie de l'enfance qui seront toujours là, en soutien vital.

En Europe, après son déracinement, la 
peine de Jean percute l'immense solitude de sa "seconde mère", on assiste à la rencontre de deux gouffres emplis de manques, de deux passés qui reviennent à la charge
Alors Jean soigne seul ses peurs, comble patiemment ses manques, se tourne vers les livres, l'écriture, le sport, vit ses premiers émois... apprend à tendre la main et à tirer des traits.

Dans un texte poétique riche, Antoine Wauters nous parle de survie, de deuil, d'enfermement, de dépression, mais aussi d'enfance(s) et de résilience
. C'est dur, cruel, mais c'est surtout plein d'une belle luminosité.
Celle d'un personnage bouleversant, au parcours difficile, sans colère malgré des espoirs si simples à combler et si longtemps en attente. 

Nos mères est un texte inventif, très beau, profond et, oui oui, positif, sur l'apprentissage, l'adaptabilité permanente que la vie exige, les vies qui valdinguent, et cet amour que l'on est capable de donner même si on l'a peu, ou mal reçu, pour peu qu'il ait été perçu.


"Parfois, par la magie des mots (dire c'est agir, c'est transformer le monde, et le faire c'est le prouver), je réveille la fumée des narghilés, sur les terrasses, pendant ces longues veillées qui sont chez nous des habitudes. Je réveille cette vieille balle de tennis, offerte par Nisrine, qui fut mon ballon de foot quand enfant je visais l'intérieur du poêle de la cuisine, dont le feu était le gardien de but et le crépitement des flammes, le stade m'applaudissant. Je réveille les châteaux de sable sur Ramlet-el-Baida, et avec eux le bruit des vagues et les immenses bateaux dont on ne savait jamais, avec papa, vers quels mondes ils glissaient comme ça, vaporeusement, façon "morses amoureux". D'autres fois, je réveilles les vents et les caprices lunaires, la tour de la télé nationale, le souvenir de la belle librairie Antoine et, doucement alors, le sourire me revient. Le rire même parfois."

L'auteur >> Antoine Wauters (né à Liège en 1981) est philosophe de formation. Il travaille dans le domaine de l’édition et comme scénariste pour le cinéma. Il a publié trois livres aux éditions Cheyne, notamment Césarine de nuit, qui a fait l’objet de plusieurs lectures par la comédienne Isabelle Nanty. Nos mères est son premier roman.
Lien vers son blog: http://antoinewauters.eklablog.com

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Commentaires
U
je l'ai acheté et j'ai hâte......................
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S
tu as fait fort... chapeau !
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L
Et en plus, il est sympa!! (rencontré lors de la Foire du Livre de Bruxelles en février dernier). Son roman est sur mes étagères... lecture à venir.
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