"Ceux qui s’éloignent imperceptiblement alors qu’ils comptent pour de bon, ceux qui meurent, ceux qui ne nous aimeront jamais, ceux qui ne nous aiment plus, ces rencontres superficielles sur lesquelles on s’interroge encore, combien sont-ils manquants ? Mais surtout pourquoi les ai-je perdus ?
Bien sûr, la liste est incomplète. J’en ai oublié, il en manque que j’ai écarté, il se peut que la fiche la plus importante se soit perdue. Quoi qu’il en soit, il me semble que les intéressés pourront se reconnaître et que ceux qui n’ont aucun rapport avec mon existence trouveront là prétexte à décrocher leur téléphone ou écrire une longue lettre à quelqu’un des leurs."

Je vous ai parlé de Marc Molk il n'y a pas si longtemps, si vous n'aviez pas lu mon billet sur La disparition du monde réel, il est à un clic: http://blablablamia.canalblog.com/archives/2013/10/24/28282154.html

Marc Molk est une des bien jolies rencontres littéraire et artistiques (il est peintre) que j'ai eu la chance de faire dernièrement.
Son ton, son style, me parlent, me touchent.
Evidemment, après avoir lu, et beaucoup aimé La disparition du monde réel, j'ai été curieuse de découvrir Pertes Humaines, son tout premier livre.

Curieuse et un peu dans l'appréhension, parce qu'on ne sait vraiment jamais si le rendez vous va se produire avec un livre/un auteur.
Mais, sans grande surprise, dès les premières pages la rencontre avait lieu.

Dans Pertes Humaines (bien beau titre) Marc Molk jette un regard vers son passé comme il surplomberait un champ de bataille, nous suivons donc le cheminement de ses souvenirs sur ses relations/échecs/éloignements, ceci non sans se reconnaître soi-même parfois... (et on ne peut s'empêcher de se souvenir d'untel ou une autre, j'ai même fait un brouillon concernant 2 personnes, avec les coefficients utilisés par Marc Molk: coefficient de perte, parts de responsabilité et chances de "renouer"... :-))

Un "bilan" nostalgique touchant, mais aussi amusant et plein d'auto dérision, parlant en filigrane d'une enfance insulaire et plutôt heureuse, suivie à l'adolescence de traitements médicaux ne favorisant pas forcément la confiance en soi et les premiers émois.

Rencontres/amours brêves ou plus durables, deuils (autant d'une soeur en vie mais dont il s'éloigne, que d'un frère qu'il n'a jamais eu), amitiés, grands-parents, racines, Marc Molk rend hommage ou harponne, mais toujours avec les mots et l'émotion justes.

Certaines personnes citées (partiellement, les noms n'étant pas entiers) ont pris cela pour un règlement de comptes, des reproches ou critiques injustifiées (comme quoi chacun a sa propre mémoire des choses...).
Alors que cela m'a surtout semblé être une sorte de "table rase", de "bilan" fait d'aveux et de reconnaissance, autant dans le positif que dans le négatif.
Une preuve de son existence, de son passage dans leurs vies, la trace dans ses souvenirs de ces personnes perdues, avec ou sans regrets, mais qu'il remercie à sa manière d'avoir croisé son chemin, d'avoir participé à la genèse de l'homme qu'il est devenu, avec sa sensibilité, ses tatônnements et ses certitudes.

Et aloooors... quand est arrivé le moment où Marc Molk en vient pudiquement à parler de celle qui partage sa vie et leur engagement l'un envers l'autre, dans le magnifique chapitre final intitulé Conclusions... je me suis retrouvée comme suspendue, tellement ces mots sont d'une vérité sincère et absolue...

"De tous mes remords, j’ai fait un baluchon que j’ai jeté du train."

PERTES HUMAINES - Marc MOLK

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