Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLABLABLAMIA
28 janvier 2019

LES PETITS GARÇONS - Théodore BOURDEAU

DvhWeHyX0AEPZ2W

C’est l’histoire de deux amis qui traversent ensemble l’enfance, puis l’adolescence, et qui atterrissent à l’âge adulte le coeur entaillé.
C’est l’histoire d’un jeune homme maladroit, le narrateur, un peu trop tendre pour la brutalité du monde, mais prêt pour ses plaisirs.
C’est l’histoire d’un parcours fulgurant, celui de son ami Grégoire, et des obstacles qui l’attendent.
C’est aussi l’histoire d’une société affolée par les nouveaux visages de la violence.
C’est enfin une histoire de pouvoir, de déboires et d’amour.
Mais avant tout, c’est l’histoire de deux petits garçons.

Les petits garçons est le premier titre que j'ai lu de la nouvelle collection Arpège lancée par l'illustre, et historique, maison d'édition Stock.
Une nouvelle collection c'est une sacrée aventure et un bien beau pari qu'a relevé Caroline Laurent, directrice audacieuse qui a su s'entourer d'auteurs sacrément prometteurs. Notamment, donc, Théodore Bordeau. 
Pour tout vous dire, lorsque j'ai vu le nom de Théodore apparaître dans le programme de lancement, j'ai été surprise, j'ai souri et me suis dit que la vie était drôle parfois, et le monde vraiment petit. En effet, je connais son frère depuis oula, quelques années (non, je ne compterai pas), et Théodore est producteur éditorial de Quotidien, émission qui passe sur l'une des chaînes d'un groupe pour lequel j'ai longtemps oeuvré.
J'étais donc triplement curieuse en me lançant dans la découverte de ces premiers pas. 

"Je suis né heureux", est la première phrase de ce roman plein de tendresse, aux personnages aussi attachants que parfois agaçants, vivants en somme.
Des personnages qui deviennent complices dès l'enfance et font fi des différences qui malgré tout, vont un peu les séparer. L'un a de l'ambition et calcule tout ou presque, l'autre cherche sa voie et en change au gré de ses rencontres sentimentales.
Mais finalement, aucun des deux ne trouve vraiment la bonne recette (mais existe-t-elle seulement?) pour se construire dans un monde de plus en plus brutal, où la violence éclate au coin de la rue, vous saute au visage dès la télé allumée. 
Au fil des ans, ils se voient confrontés à la dureté du milieu étudiant, du monde du travail, des médias, de la politique, où la compétition bat son plein et où la couverture, trop petite pour tout le monde, finit souvent par se/vous déchirer.  
Rien de plus précieux alors que de pouvoir penser que l'autre est là, même un peu absent, même un peu distant, comme un refuge. 

Les Petits Garçons est un livre dans lequel je me suis souvent retrouvée, élevée par des parents aimants et protecteurs, bousculée par une époque chahutée, tentant de garder la tête de la petite fille que je fus hors de l'eau.
Un livre sensible et lucide sur les liens d'amitié, et sur ce que l'âge adulte nous prend, l'innoncence qu'il détruit, les distances qu'il crée, les défis qu'il nous force à relever, les sentiments à canaliser... tout en restant au fond de nous celui/celle qui chérit précieusement (et avec nostalgie) le souvenir de la malle aux trésors de son enfance, qu'il/elle retrouve régulièrement avec émotion chez ses par/ents"/antres".
"Je suis né heureux", il s'agit, ensuite, de parvenir à le rester.

"Après le repas, nous avions débarrassé la table, les couverts tintinnabulaient alors que nous les rangions dans le lave-vaisselle. Papa tentait toujours de loger un maximum d'assiettes dans la machine. Puis j'avais embrassé mes parents, avec l'envie d'être parti le plus vite possible, pour échapper à ces deux regards qui me connaissaient trop, qui jaugeaient chacun de mes gestes avec l'intensité dont seuls ceux qui nous ont élevés sont capables. Dans l'entrée, maman m'avait confié quelques restes du repas dans une boîte en plastique, tandis que papa m'encourageait à leur rendre visite plus souvent. Au moment de partir, mon oeil s'est arrêté sur une petite photo, encadrée et posée sur une rangée d'étagères. C'était une ancienne version de moi, joufflu, boudiné dans un gilet rayé, une coiffure en forme de bol, le regard ébété de l'enfant pris au piège dans une cabine de Photomaton. Il était mignon ce petit garçon. Il était au commencement, vierge du monde, du travail, des amours déçues, des ambitions et des Malvina. Mon cher petit garçon."  

L'auteur >> Théodore Bourdeau est journaliste. Après avoir travaillé au « Petit Journal », il est aujourd’hui producteur éditorial de l’émission « Quotidien » diffusée sur TMC. Il a trente-huit ans et vit à Paris.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité