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BLABLABLAMIA
16 avril 2016

UN BON GARÇON - Paul McVEIGH

un bon garçon

Irlande du Nord, fin des années 80, en plein conflit entre catholiques et protestants à Ardoyne, quartier difficile de Belfast. Mickey, le narrateur, vit sa dernière journée à l’école primaire avant les vacances d’été. Bon élève, il se réjouit d’avoir été admis dans une Grammar school – collège « d’élite » –, et d’échapper ainsi à ses condisciples actuels. Mais, lors d’un surréaliste rendez- vous chez le directeur, il apprend que son père a dépensé l’argent censé payer sa scolarité. Ce sera donc St. Gabriel, le collège de base fréquenté par son grand frère et tous les gamins du coin.
Le petit chien offert par ses parents ne suffit évidemment pas à faire oublier le goût âpre de ces vacances qui commencent, et Mickey décompte avec angoisse le nombre de semaines le séparant de la rentrée. Rêveur, il passe son temps à inventer des histoires et à imaginer ce que serait sa vie en Amérique. Il adore sa mère et sa petite soeur, mais redoute son père alcoolique et sa brute de grand frère qui, comme tous les garçons du quartier, n’aime rien tant que le tourmenter. Parce que, tous s’accordent à le dire, Mickey est « différent » : enfant doué et sensible pour la plupart des adultes, « petit pédé » qui joue avec les filles pour les autres…
L’IRA, les bombes, les émeutes, les affrontements avec l’armée britannique : Mickey évolue au milieu de ce climat troublé avec son innocence et ses rêves de gamin.

Mickey a 10 ans, il est différent, intelligent, et espère pouvoir sortir de son quartier défavorisé en allant étudier dans une école prestigieuse à la prochaine rentrée, jusqu'à ce que les soucis financiers de sa famille lui ôtent tout espoir.
Mickey vit à Belfast, en plein coeur du conflit nord-irlandais, aussi appelé "Les Troubles", opposant (pour faire court) communautés protestantes aux catholiques, il adore sa mère, a un père alcoolique, peu de copains, et aimerait bien échanger son premier baiser. 

On ne peut que s'attacher à ce bonhomme, à ce "bon garçon" sensible et courageux, qui rappelle le personnage de Billy Elliot, en pleine découverte de lui-même au milieu des affrontements.
NB: en parlant du titre, à vrai dire je trouve le titre original (The good son) un peu plus pertinent, mais je ne peux pas en dire plus. 

Paul McVeigh, en sacré conteur (
dont c'est le premier roman (!)) nous fait traverser ce quotidien pas commun à travers les yeux de cet enfant, au regard mordant et touchant. Nous le voyons apprendre la solitude, la perte, la douleur en sillonnant les rues de son quartier un été durant, un été qui le verra grandir et s'affirmer.
Et malgré la gravité de la situation, les conflits, les disparitions, la pauvreté, Un bon garçon est un roman initiatique tendre, plein de fraîcheur, d'espoir et de résilience. Bien qu'il y ait quelques petites longueurs, pour un premier roman c'est une réussite (y compris la couv!).

"M'man tousse, bouge sur sa chaise et regarde par terre.
« … Malheureusement... Michael, tu ne pourras pas aller à St Malachy's. »
Mr Brown remue la bouche mais il n'y a pas de son. Concentre-toi Mickey – ne décroche pas! J'entends quelque chose comme « cinq ans... trajets... uniformes et livres... deux bus aller et deux bus retour.
-Mais j'aime bien le bus ». Je regarde M'man pour qu'elle me soutienne, mais elle a les yeux fixés sur Mr Bown, qui se lève et va tripoter les stores tout en continuant à parler. J'entends ma respiration. Je ne comprends toujours pas ce qu'il raconte, comme quand Paddy monte et baisse le son de la télé pour m'embêter." 

L'auteur >> Né à Belfast, Paul McVeigh a commencé sa carrière d’écrivain comme dramaturge avant de déménager à Londres, où il a écrit des comédies pour le théâtre, qui se sont jouées au Festival d’Édimbourg et à Londres. Directeur du London Short Story Festival, il est lui-même l’auteur de nouvelles, publiées dans des revues et des anthologies littéraires, et lues dans différents programmes à la radio. Il signe ici son premier roman.
Son site : https://paulmcveighwriter.com/

Les éditions Philippe Rey : http://www.philippe-rey.fr/

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Commentaires
J
Je sors de cette lecture pleine de tendresse pour ce petit gars. La fraîcheur de l'enfance face à l' atmosphère pendant " les Troubles" est une approche pertinente et sensible.
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E
Tu rajoutes ta voix aux nombreux beaux billets que j'ai pu lire sur ce roman. C'est une évidence : il est pour moi !
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K
Les couvertures de P Rey sont toujours un régal.<br /> <br /> Un premier roman extrêmement maîtrisé, oui, mais quelques longueurs, tu le dis aussi.
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