Sept personnages souffrant d’addictions – alcoolisme, sport, jeux d’argent, cocaïne, shopping, sexe – se trouvent réunis par la psy qui les suit, Clarisse, pour des séances de thérapie de groupe. Clarisse espère que le « décloisonnement » peut les aider à guérir. Mais en ont-ils vraiment envie, eux ? Pas sûr… Ces « ennemis de la vie ordinaire » vont, peu à peu, se lier d’amitié au point de déteindre les uns sur les autres.
E-VI-DEM-MENT... je ne pouvais pas passer à côté du tout dernier roman d'Héléna Marienské...
Je ne vais pas vous refaire l'histoire, pour celles et ceux qui me connaissent vous le savez, sinon, chers autres, je vous le dis, Héléna Marienské et moi sommes cousines.
MAIS ça n'est pas parce que nous avons des liens familiaux que je la lis (sinon je lirais aussi des oeuvres incompréhensibles (pour moi) sur la finance, écrits par certains oncles...).
Non, je la lis parce qu'elle a le chic pour m'embarquer et m'émerveiller avec sa plume alerte, sa verve, son extravagance.
Je la lis parce qu'elle pourrait, je crois, traiter de n'importe quel sujet en y mettant de la fantaisie, de la vie, de l'exaltation.
Parce qu'elle s'amuse avec son histoire/ses personnages, avec les mots, et que ça se voit (et qu'en tant que lectrice lambda, je suis enchantée)!
Mais attention, l'amusement ne masque pas le propos, plus sérieux, de ce roman, à savoir nos addictions, nos dépendances, les exigences de la société (ou des conjoints), nos avilissements, nos solitudes... et la force de l'entraide/l'esprit de groupe.
Héléna aborde les angoisses/manques compensés par des plaisirs consommés à l'excès par ses attachants personnages (dont un sosie du Pape François...), que ce soit de l'achat d'une paire de chaussures à talons (..), à l'usage de la drogue, en passant par le sport, l'alcool, les jeux d'argent, le sexe...
Cette petite équipe d'addicts se retrouve alors encadrée par une psy des plus incompétentes qui, au lieu de détricoter leurs fils, va, en leur proposant une thérapie de groupe, les mêler et les relier. Cela donnera un joyeux bor... bazar, dans lequel finalement tout le monde trouvera peut-être bien son compte/sa propre résilience.
Les personnages sont loufoques, et de nombreux passages sont poussées à l'extrême (mais réalistes) dans ce texte très visuel, dialogué, parfaitement mis en scène. Cela donne un roman réjouissant, cocasse, immoral, débridé, qui permet à Héléna Marienské de nous interroger sur nos propres addictions/nos comportements maltraitants envers nous-même, et de donner la part belle à la bienveillance.
Un beau pied de nez à la morosité ambiante et aux diktats de la perfection/vertu, nous encourageant à devenir nous aussi, à notre manière, des ennemis de la vie ordinaire.
"Il faut savoir accélérer dans la vie (...)"
L'auteur(e) >> Héléna Marienské est née en 1969, elle est agrégée de lettres. Elle a publié aux éditions P.O.L., Rhésus, en 2006 (prix Lire du meilleur premier roman, prix Madame Figaro/Le Grand Véfour, Mention spéciale du prix Wepler), Le Degré suprême de la tendresse (Héloïse d’Ormesson, 2008, prix Jean-Claude Brialy) et, en 2014, Fantaisie-sarabande, aux éditions Flammarion.
Et si ça vous dit, mon billet sur son précédent titre Fantaisie-Sarabande par ici.