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BLABLABLAMIA
10 avril 2014

L'HOMME DU DÉSASTRE - Christian BOBIN une chronique de Lionel Bottero Clément

homme désastre

Tiens tiens, nous avons un invité!!!
Lionel Bottero-Clément, vous le connaissez probablement (et sinon, je vous le présente), c'est LE créateur-locomotive du webzine l'Ivre de Lire, derrière lequel nous sommes quelques uns à accrocher nos wagons avec bonheur (et c'est peu dire)! 
L'équipe de l'Ivre de Lire a donc pour habitude de faire voyager des billets jusque chez Lionel, aujourd'hui c'est lui qui vient passer une tête par ici, et me fait l'honneur de m'offrir une de ses sublimes chroniques, sur un titre de Christian Bobin, auteur que j'aime beaucoup...


« Antonin Artaud, c’est l’impossible que vous exigiez. Il vous revenait de droit, du très haut droit de votre naissance sur la terre peinte en or. Vous cherchiez la vie innocente, la vie au sang de neige, et votre voix, pour l’appeler, était celle d’un enfant de cinq ans, perdu sous l’orage. »

C’est ainsi que débute « L’homme du désastre », une longue lettre de Christian Bobin au poète Antonin Artaud.

Dès l’abord, ce livre court est en lui-même une expérience : publié par les éditions Fata Morgana, c’est un objet précieux que vous avez entre les mains. 

Pour pouvoir en débuter la lecture, il vous faudra vous munir d’un coupe-papier, et en découper, une à une, les pages.
« L’homme du désastre », comme tous les ouvrages publiés par Fata Morgana, sont ainsi des invitations à stopper le temps, ce temps si insaisissable, dont nous avons l’illusion qu’il nous fuit constamment, pour nous ramener à l’essentiel : prendre le temps de savourer un livre, d’en apprécier chaque mot, chaque phrase, que le sens même de l’œuvre s’instille en nous, pour nous transformer, peut-être…

Lire « L’homme du désastre », c’est précisément accepter de revenir à ce qui compte vraiment : une poignée d’encre qui comblera nos heures. « L’homme du désastre » ne se consomme pas, comme beaucoup trop de livres aujourd’hui, non… « L’homme du désastre » pénètre au plus profond de nos âmes, jusqu'à ce qu’il y a de plus lumineux en nous, et interroge… Nous interroge…

Car si cette lettre sublime est adressée au poète de manière posthume, cet immense auteur décédé à l’âge de 51 ans des suites d’un cancer, cet homme qui aura passé toute une part de sa vie dans des hôpitaux psychiatriques et subissant de terribles électrochocs, cette figure résolument incontournable du surréalisme, même si Breton le jugea très sévèrement dans ses différents manifestes du surréalisme, Christian Bobin, sans jamais perdre le fil de sa lettre, questionne chez Antonin Artaud ce qui, chez lui, rejoint l’universalité de nos conditions : une enfance blessée, l’innocence qui ne peut se maintenir que dans la folie, sous peine de se perdre, et l’angoisse de nos existences, que l’on sait finies, sans pour autant parvenir à ne pas espérer en une part d’éternité qui nous reviendrait.

Avec une intelligence des mots profonde, une écriture qui, même plus de 20 ans après la sortie de « L’homme du désastre », continue à me donner des frissons de plaisir, Christian Bobin nous enjoint, en dépit de la douceur de ses mots, à réagir et à ne pas nous laisser gagner par la lente et inexorable monotonie des jours : la refuser est un combat, que le poète, comme l’artiste, mène, simplement armé de sa plume et d’un encrier.

Car seuls les mots, comme les grandes œuvres, ont cette capacité à nous montrer, fugacement, que l’éternité existe, à nous donner cette certitude que nous ne mourrons jamais vraiment, et que le désastre de nos vies peut aussi devenir une source de joie et de sérénité, à condition de vouer sa vie, son énergie, à poser les mots qui nous parleront de lui, même lorsque nous ne serons plus.

Une des premières grandes œuvres de Christian Bobin, publiée en 1986, et qui reste, à mon sens, une des plus belles et certainement une des plus urgentes.

« L’homme du désastre » est publié aux éditions Fata Morgana


Il y a quelques jours Lionel parlait d'Océan, d'Yves Simon, sur le Blog du petit carré jaune: 
http://lecarrejaune.canalblog.com/archives/2014/04/01/29566379.html


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Commentaires
S
merci Lionel pour les larmes procurées... elle sont belles et tes billets sont des ri arcs en ciel. Merci mon capitaine<br /> <br /> merci Séverine....... le capitaine t'a fait un sacré beau cadeau d'anniversaire :)
Répondre
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