Kevin Juliat a toujours aimé les mots.
Même Jean-Philippe Blondel (la classe!) le dit, dans la préface signée de sa main.
Il a toujours voulu vivre avec les livres et en écrire. Coûte que coûte.
Et à coeur vaillant...
J'ai lu La Vie Hâtive avec la curiosité d'une fille ayant grandi à Paris (et banlieue), et qui n'a donc jamais connu ce grand voyage vers la capitale, ce voyage qui fait rêver certains et certaines, que j'entendais me dire combien j'avais de la chance de déjà vivre "là haut"...
Alors je n'ai jamais connu ce sentiment lorsque l'on part de province, seul, pétri d'espoir et de peurs, pour partir faire ses études dans cette immense ville, sans connaître personne ni même la vie parisienne.
J'ai également lu ce roman comme une "maman" (bon ok, "seulement" 15 ans nous séparent, mais il a 20 ans dans le roman, alors...) lirait le journal intime de son fils. Avec beaucoup de tendresse.
Touchée par son ambition sincère, pure, ses envies de réussite, ses déceptions parfois, ses rencontres mal terminées, croisant parfois les chemins de personnes plus âgées plus désabusées, manipulatrices... ses premiers pas difficiles, voire cruels, dans la vie active/l'édition. Le découragement, juste quelques instants, et puis... Et puis sa force, son sourire, toujours rebondir droit vers le renouveau.
Un "parcours initiatique" avec ses hauts ses bas qui entraîne un sentiment d'avoir tant appris, tant grandi en une seule année, bien plus que durant toutes les précédentes, avec les claques, les pièges, les manques de présence, d'argent, de nourriture, parfois. Le système D, l'entraide entre étudiants, mais pas tous, les inégalités entre fils/filles de et les autres, les jalousies dénoncées sans faux semblants...
Face à cela, une constante, l'énergie qui le porte et ne le lâche pas, cette insatiabilité, cette passion, là dans ses tripes.
Cette philosophie du "tomber sept fois, se relever huit", parce qu'il le faut.
J'espère qu'il gardera cela longtemps, ce talent brut, cette écriture franche, cet essentiel, cette lueur en lui, cette vie hâtive.
"Alors je marche sans regarder derrière, je fixe un point invisible loin devant moi et j'avance dans un chaos qui n'a pas de vie que celle que je lui donne."
De plus ce roman est le premier d'une maison d'édition, portée par la très jeune (23 ans!) et Aurélie Monjoin, puisse le Bleu des Etoiles connaître une route constellée de succès.
Toute l'histoire est présentée comme dans un carnet Moleskine, très joliment illustré par Pauline Ledu, et voilà que, fait amusant, il m'a été offert (par ma douce Anyuka - du blog : C'est que ce bazar?) un bien beau carnet le même jour que celui où j'ai reçu La Vie Hâtive, oui oui, pour de vrai.
Alors, peut être qu'un jour "je pourrai en faire un roman" moi aussi :-)